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Des réformes pharmaceutiques au Maroc pour améliorer l’accès aux médicaments

Les autorités marocaines ont lancé un processus de refonte réglementaire et d’uniformisation des processus dans le secteur pharmaceutique en vue d’attirer les investisseurs dans la recherche biomédicale, d’accroître l’approvisionnement en médicaments à bon prix et d’améliorer les opérations logistiques pour l’exportation de produits pharmaceutiques fabriqués dans le pays.

Le Maroc a adopté à la fin du mois dernier un projet de décret pour établir le cadre légal de bioéquivalence des produits pharmaceutiques, et définir les normes et exigences appliquées aux essais portant sur les médicaments génériques, qu’ils soient produits dans le pays ou importés.

Cette loi vise à encourager la fabrication et l’utilisation de médicaments génériques. Actuellement, quelque 63 % des Marocains sont couverts par l’assurance maladie, mais le ministère de la Santé ambitionne d’atteindre les 90 % d’ici à 2021. La production locale répond actuellement à environ 60 % de la demande nationale.

Le décret pour la mise en place d’une politique pharmaceutique nationale, qui vise à assurer un accès équitable pour tous aux médicaments, a été adopté en décembre 2013. C’est dans ce cadre qu’a été décidé l’abaissement du tarif de plus de 3 600 médicaments. Par ailleurs, le ministère de la Santé a annoncé en mars une réduction concernant 67 autres médicaments utilisés dans le traitement de maladies chroniques communes.

Un secteur en quête d’investissement dans la recherche et développement (R&D)

De plus, si ces initiatives ont permis d’améliorer l’accès aux médicaments, elles devraient également attirer davantage les investissements dans le secteur.

À l’échelle mondiale, le financement de la R&D dans la filière pharmaceutique s’est élevé à 140 milliards de dollars par an, et le Maroc entend bien attirer une plus grande part de ces investissements. Les Entreprises du Médicament au Maroc (LEMM), association composée de sociétés marocaines, filiales de groupes pharmaceutiques internationaux, a estimé le potentiel de développement du secteur à près d’un milliard de dirhams (105,3 millions de dollars) par an pour les cinq prochaines années.

Néanmoins, le pays n’est pas tout à fait près d’atteindre ce potentiel. L’industrie pharmaceutique marocaine représente 2 % du PIB du pays, et devrait se hisser à 2,2 % d’ici à 2020 selon les prévisions de l’Association Marocaine de l’Industrie Pharmaceutique (AMIP).

Un chiffre largement en deçà des prévisions de croissance sectorielle dans d’autres pays africains, par exemple, en Algérie, ce secteur devrait représenter 7,2 % du PIB d’ici à 2020. Une telle situation s’explique par le taux relativement bas de consommation de médicaments par habitant, même si cette dernière est appelée à augmenter à mesure que les médicaments génériques seront plus faciles d’accès.

L’AMIP a rassemblé ses 28 laboratoires membres autour d’un objectif commun : le renforcement de la R&D. Elle vise notamment à permettre l’avancement des biotechnologies et de la production de vaccins. L’association a également lancé des joint-ventures avec des laboratoires implantés au Moyen-Orient et en Inde.

La LEMM a également fait part de son intention de renforcer les capacités de recherche clinique du Maroc en faisant du pays l’un des trois grands pôles de recherche de l’Afrique.

En février, la LEMM a tenu son colloque national d’inauguration sur la recherche médicale à Rabat en vue de rassembler parties prenantes du secteur et représentants du gouvernement, universitaires, universités et représentants des hôpitaux universitaires, y compris Saad Eddine El Othmani, le chef du gouvernement, et de donner un élan à l’amélioration de la R&D.

« Il existe un cadre juridique sur les essais cliniques, mais les acteurs restent dans l’attente de la publication des décrets d’application », a déclaré à OBG Taher Hassen, directeur général de Merck Maroc, entreprise pharmaceutique, et vice-président de LEMM. « Nous sommes convaincus que l’accélération de la R&D aura une répercussion bénéfique tant pour les patients que pour les universitaires, et permettra d’apporter un investissement cohérent, pérenne et innovant au pays. »

Les défis logistiques freinent les exportations de médicaments fabriqués localement

Si les autorités sont en train d’instaurer un système réglementaire plus favorable à la R&D, il existe encore des obstacles à l’exportation de produits pharmaceutiques, principalement sur le plan de la logistique.

À l’heure actuelle, seulement 10 % des médicaments produits localement sont exportés vers les marchés étrangers. Bien que la majorité de ces exportations soient à destination de l’Afrique, ces débouchés sont inefficaces et coûteux. En effet, les exportations marocaines font souvent un premier arrêt en Europe avant d’être ré-exportées vers l’Afrique.

Pour y remédier, un certain nombre d’entreprises pharmaceutiques marocaines ont implanté leurs opérations ailleurs sur le continent. Il y a actuellement plus d’une dizaine de laboratoires marocains déployés en Afrique subsaharienne et faisant fonction de point de base pour l’exportation de médicaments génériques. D’autres laboratoires devraient leur emboîter le pas, avec par exemple le projet de construction d’une nouvelle usine de fabrication d’antibiotiques par le Marocain Cooper Pharma dans le district de Gasabo au Rwanda.

Au niveau international, un projet conjointement lancé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Union africaine (UA) ambitionne de créer l’Agence africaine des médicaments (AMA), qui serait en charge d’harmoniser et d’aligner les réglementations dans tout le continent. Une évolution qui facilitera amplement les procédures d’exportation de produits pharmaceutiques. Le Maroc s’est proposé d’héberger le siège de l’AMA, en lice avec l’Afrique du Sud, la Tunisie, l’Algérie, et l’Éthiopie.

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