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Vernissage à la Galerie Mohamed El Fassi à Rabat de l’exposition « TAXIDERMIE DU PAYSAGE » de l’artiste peintre FATIMA ZAHRA MORJANI

La Peau du Monde est une peau de chagrin. Environnement, espace, espèces animales ou végétales, sociétés et cultures premières ou « primitives » semblent pris dans un tourbillon qui les évacue irrésistiblement vers un autrefois qui dévore notre présent au rythme de notre inexorable colonisation du monde. A travers sa taxidermie du paysage, Fatime Zahra Morjani esquisse les contours d’un jardin devenu lieu de métaphores et retient au vol quelques éléments de ce maelström fuyant.La taxidermie est l’art de préparer les animaux morts pour les conserver avec l’apparence de la vie. Avec l’herbier, autre technique de conservation, l’Homme devient collectionneur et archiviste de son propre environnement.La taxidermie préfigure donc un monde sans animaux car ils auront rejoint celui des dinosaures et des mammouths, l’animal n’est plus que pour avoir péri, comme le dirait Aragon.Une œuvre faisant référence à la taxidermie renvoie doublement au musée :  en tant qu’œuvre d’art et en tant qu’objet qui trouve sa place dans les collections d’Histoire Naturelle. Il est les deux, mais à travers un voile d’ambiguïté où la Mort reste la condition de réalisation première de la création de l’œuvre.Depuis la renaissance, la flore est devenue à la fois objet de production et de consommation domestiqué et standardisé, du fait des différentes révolutions vertes. A travers le prisme de l’art, elle participe aujourd’hui à remettre en cause les logiques d’un pouvoir consumériste. « Le traitement que la société réserve aux plantes est une image-miroir d’elle-même » affirme l’artiste autrichienne Lois Weinberger.Par sa façon de disposer du « corps » des plantes, Fatime Zahra Morjani questionne le devenir de cette flore soumise aux intrusions de l’Homme dans sa volonté de soumettre son environnement. L’artiste est convaincue comme Paul Klee que « Le dialogue avec la nature reste pour l’artiste une condition sine qua non ; l’artiste est homme ; il est lui-même nature, morceau de nature dans l’aire de la nature ». Que reste-t-il du modèle (plante, animal, être vivant) après avoir été happé par l’œuvre, remodelé, recréé ? Quelle représentation du végétal perdure quand il n’existe plus ?

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