Inflation: autour de 0% pour l’ensemble de 2019 et ce n’est pas joli!

La question de l’inflation a suscité quelque débat ces derniers mois en relation avec l’atonie de la situation économique. Faut-il se permettre plus d’inflation ou pas? Ce fut la question centrale.
Voyons d’abord où est ce qu’on en est aujourd’hui. Il paraît que sur les 8 premiers mois de l’année 2019, le taux d’inflation ait été de 0,2% (chiffre donné par Bank Al Maghrib à l’issue de son Conseil du 24 septembre). Ce taux tendant vers 0 fait suite à une hausse assez importante en 2018 au point de flirter avec les 2% (1,9%).
On voit bien que, dans l’ensemble, l’inflation (la hausse des prix) reste maîtrisée et surtout faible (et ce malgré la décompensation, la flexibilisation du change et la persistance de la prédominance des importations dans le panier global consommé).
Comment interpréter cette faiblesse? La réponse la plus évidente est qu’il s’agit d’une faiblesse de la demande consécutive d’une faiblesse du pouvoir d’achat, le tout est la conséquence d’une faible croissance (c’est à dire une faible création de la richesse au niveau national).
On peut également inverser la logique, ce qui est plus proche du cas Marocain, et dire que la faiblesse de la croissance est, non pas la cause, mais la conséquence de la faiblesse de la demande.
Dans ce cas, il suffirait de distribuer plus de pouvoir d’achat (en activant les leviers de la politique monétaire) pour relancer, un tant soit peu, la croissance. C’est le point de vue des défenseurs d’une inflation modérée à forte.
Pour la Banque Centrale, qui est tenue de se conformer aux directives de l’orthodoxie financière néolibérale, une augmentation de l’inflation rime avec une destruction du pouvoir d’achat et de la richesse, sans pour autant être certain de relancer la croissance (surtout que le pouvoir d’achat supplémentaire ira à consommer davantage de produits importés).
Il est ainsi difficile de trancher entre les deux points de vue. Mais ce qui est indéniable est qu’un taux d’inflation autour de 0 est tout de même trop neutre; il signifie tout bonnement que rien ne se passe, ou presque.
C’est l’idée que Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al Maghrib, a probablement voulu exprimer en disant qu' »il y a un problème de visibilité et de confiance et non de taux de directeur ».
En même temps, quand la Banque Centrale ne prend aucun risque ce n’est pas ça qui risque d’inciter les agents économiques à avoir une meilleure visibilité et une plus grande confiance!