Le secteur du bricolage a battu des records en 2020

Le marché du bricolage a progressé de 13 % l'an dernier. Du jamais vu. Les Français ont dépensé 31 milliards d'euros en magasin et en ligne. Les 18 à 30 ans sont parmi les plus concernés.

Le marché du bricolage a vécu une année hors norme en 2020… comme les Français. Ces derniers ont dépensé 3,6 milliards d’euros de plus qu’en 2019 dans les magasins et en ligne. Le secteur a engrangé un chiffre d’affaires de 31 milliards, en hausse de 13 % sur un an. Un record alors que dans les dix dernières années la croissance oscillait plutôt entre 1 et 2 %.

Tout a concouru à afficher un tel score. « Le bricolage a bénéficié d’un cocktail énergisant », relève Juliette Lauzac, chargée d’études pour Inoha, organisation professionnelle qui représente les industriels du secteur, et la FMB, Fédération des Magasins de Bricolage. « Beaucoup de gens sont restés à domicile et ont eu envie d’améliorer leur logement. Le télétravail a aussi fait naître de nouveaux besoins pour se créer un coin bureau ou mieux aménager un espace existant. En outre, une partie des dépenses qui n’ont pas pu être faites pour des voyages ont pu être reportées sur l’amélioration de l’habitat », décrit-elle. Les confinements ont également donné une importance accrue aux jardins et terrasses.

ManoMano en croissance

Dans ce contexte, de nouveaux acheteurs ont fait leur apparition. « Des jeunes de 18 à 30 ans s’intéressent davantage au bricolage », constate le président de la FMB, Mathieu Pivain. « Les bricoleurs déjà existants ont, eux, développé de nouvelles ambitions et se sont lancés dans des projets plus importants que les tutoriels en ligne ont pu dédramatiser », ajoute Juliette Lauzac.

Parmi les best-sellers figurent ainsi des défonceuses et rabots (+26 % dans les grandes surfaces de bricolage), destinées à des gens ayant déjà travaillé le bois. La place prise par les plus novices se reflète, de son côté, dans les achats très importants de peinture mais aussi de papier peint.

Les produits liés à la plomberie, la cuisine ou la salle de bains progressent plus faiblement. Il s’agit en effet de travaux nécessitant réflexion et préparation. La priorité a souvent été donnée à des projets plus immédiats. Certaines références ont même vu leurs ventes reculer. Comme tout ce qui touche à la serrurerie et à la sécurité, à l’instar des alarmes. Lorsqu’on part peu, on s’équipe moins.

Les différents circuits de distribution n’ont pas progressé au même rythme. Les « pure players » comme ManoMano, qui représentent désormais 14 % du secteur, ont vu leurs ventes croître de 84 %. Tandis que celles des grandes surfaces de bricolage (GSB) progressaient au global de 6,5 %. Mais sur Internet, ces dernières affichent une hausse de 111 % ! Au total, elles pèsent 70 % du marché.

Au passage, les GSB ont largement amélioré l’an dernier leur chiffre d’affaires au mètre carré. Et ce sont les formats de proximité qui tirent le mieux leur épingle du jeu, avec une augmentation des ventes de 11 %. Le négoce, qui en principe s’adresse aux professionnels, gagne, pour sa part, du terrain auprès du grand public.

Pour 2021, les professionnels jugent qu’il est trop tôt pour se prononcer, d’autant que les bases de 2020 sont élevées. Mais en décembre dernier, le marché progressait encore de 30 %. Et à fin février 2021, les ventes s’accroissaient de 16 %. La fermeture des magasins de plus de 10.000 mètres carrés a un impact faible au global.

Un public à fidéliser

« L’amélioration énergétique de l’habitat fait partie des facteurs favorables tout comme la valorisation du « faire soi-même » et la cagnotte qu’ont engrangé les Français », juge Juliette Lauzac. Parmi les freins potentiels figurent les tensions sur les matières premières et, bien sûr, les aléas sanitaires.

Il va aussi falloir fidéliser les nouveaux consommateurs. « Les jeunes générations sont plus tournées vers l’économie circulaire, les produits de seconde main. Ils ne veulent pas surconsommer. Aux enseignes de s’adapter », remarque Mathieu Pivain. En développant notamment des offres de location.

Source: Les Echos Entrepreneurs

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