Agriculture bio ... Eldorado ou mirage?Dossiers

Les consommateurs doivent être vigilants et vérifier la véracité de la mention bio

Le bio est d’abord une question de confiance dans un label. Si l’écosystème ne respecte pas les normes qu’il impose ou que l’on se mette à appeler bio tout et n’importe quoi, la confiance se trouve ébranlée et le concept menacé. Construire des rapports de confiance est la responsabilité de tous, notamment les grands acteurs, estime Slim Kabbaj, président de la FAMIBio.

Comment peut on définir le bio au Maroc? Quels produits sont réellement bio? Et comment les reconnaître ?
En levant certaines confusions dès le départ, des questions seront clarifiées et des amalgames levés. Qui dit produits naturels, beldi, issus de la campagne ou non, industriels, ne revient pas à dire produits bio. Même s’il y a plus ou moins de rapprochements possibles entre ces familles de produits. Un produit bio est un produit qui respecte un cahier des charges, associé à la réglementation en vigueur (la loi 39-12). Au démarrage, l’opérateur doit rentrer dans un processus de conversion de son terrain et sa production. Il doit être obligatoirement accompagné par une société de certification qui contrôle le champ et l’unité de production, et qui vérifie les documents de traçabilité des intrants et des traitements indispensables mis en place. En gros, les produits bio sont reconnus grâce à un logo bien identifiable sur le packaging et à une attestation de certification.
Est-ce qui se vend aujourd’hui au Maroc, notamment dans les GMS, est du bio?
Il y a aujourd’hui des produits bio dans les magasins spécialisés qui se développent de plus en plus sur le territoire national. Le bio est aussi disponible dans les GMS, dans des épiceries, dans des pharmacies et des parapharmacies. Nous devons préciser cependant que ce n’est pas parce qu’un magasin affiche le mot bio sur sa devanture, l’indique sur son site web… que les produits concernés sont certifiés. Il faut que les consommateurs vérifient les étiquettes et les certificats dans les points de vente. Et il faut que les GMS et autres espaces de vente vérifient les marchandises de leurs fournisseurs. La crédibilité et les relations de confiance prennent du temps à se construire et se perdent rapidement, s’il n’y a pas transparence, professionnalisme et honnêteté dans l’étiquetage.
Pourquoi le bio coûte plus cher ?
Certes le bio coûte plus cher aux consommateurs, ici et partout dans le monde. Le respect de la réglementation et des cahiers des charges entraine inexorablement une hausse des coûts pour les opérateurs, dans la chaine de production et pour le transport des marchandises, et par ricochet pour les consommateurs. En respectant les conditions nécessaires du bio, plus exigeantes que pour le conventionnel, en évitant d’utiliser des pesticides, l’opérateur fait un choix difficile mais responsable, que ce soit pour des raisons de prévention santé ou de respect de l’environnement, sols, eau, air, végétation, biodiversité. De plus, les volumes en bio sont plus faibles dans les transactions, entrainant des surcoûts. Les évaluations des coûts macroscopiques par des experts ont montré que les différences se rééquilibraient pour un pays, quand on explicitait les coûts cachés du conventionnel, l’historique des subventions, la chaine de distribution et la logistique mises en place, les coûts supplémentaires de santé que cela engendre, les dépenses de décontamination des pollutions dues aux pesticides, etc.
Plus de la moitié des produits bio sur le marché est importée. Ces produits répondent-ils à la réglementation marocaine? Y a t- il un contrôle dans ce sens?
Nous n’importons que très peu de produits frais. Ce sont surtout les produits secs et packagés qui pénètrent sur le territoire. Il y a un contrôle de tous les produits, bio ou pas bio, par l’ONSSA et par l’Administration des Douanes à l’importation. Il y a aussi des contrôles du taux de pesticides dans les produits alimentaires, à travers des analyses en laboratoire. Il y a également des vérifications systématiques des documents des fournisseurs et la vérification de la traçabilité des produits depuis l’origine. Par ailleurs, le Maroc reconnait la réglementation bio européenne, basée sur des dizaines d’années d’expérience avec un marché mature et un secteur en pleine croissance, tant au niveau de la demande que de l’offre, disposant d’une multitude de produits, innovants et à forte valeur ajoutée. Le Maroc est très en retard dans ce sens.

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