Autosuffisance laitière au Maroc : aucune importation nécessaire
Le Maroc n’envisage pas d’importer du lait frais pasteurisé, que ce soit d’Écosse ou d’un autre pays. Selon une déclaration de Rachid Khattate, président de la Fédération interprofessionnelle de la filière laitière (Maroc Lait), publiée par Le Matin, les rumeurs prétendant que le Royaume serait en négociation avec l’Écosse pour alimenter le marché en lait frais pasteurisé sont infondées. Khattate affirme que cette proposition, remontant à une période antérieure, avait été catégoriquement refusée par l’Exécutif marocain. La production nationale, qui atteint 1,2 million de litres par jour, dépasse largement la demande locale.
La filière laitière, l’un des piliers de l’agriculture marocaine, joue un rôle crucial dans l’économie et l’emploi rural, générant annuellement 49 millions de journées de travail et un chiffre d’affaires de 13 milliards de dirhams. Cependant, elle fait face à des défis persistants, notamment la sécheresse prolongée, l’inflation des intrants agricoles et la fluctuation des prix des matières premières. Ces facteurs compliquent la situation des petits producteurs, qui représentent 90 % de la filière avec des troupeaux de moins de dix vaches chacun.
Selon Le Matin, la consommation de lait a chuté depuis le Ramadan dernier en raison de l’érosion du pouvoir d’achat, aggravant les problèmes du secteur. Les quantités mises sur le marché n’ont pas été entièrement consommées, avec une baisse estimée entre 11 et 14 % des volumes prévus. Pour remédier à cette situation, Maroc Lait et le ministère de l’Agriculture ont mis en place des solutions, notamment l’encouragement de la collecte intégrale du lait disponible pour le transformer en poudre destinée à la fabrication de produits dérivés comme les fromages et les yaourts.
Khattate alerte toutefois sur le véritable danger qui menace le secteur : la succession des années de sécheresse. Celle-ci a engendré une décapitalisation du cheptel laitier, provoquée par l’inflation des prix des fourrages et des aliments composés. Cette situation pousse de nombreux petits producteurs à vendre leurs troupeaux, mettant en péril la pérennité de la filière.
Pour répondre à ces défis, plusieurs mesures ont été adoptées, notamment l’exonération des droits de douane et de la TVA sur les aliments pour bétail, le soutien aux éleveurs pour acquérir davantage de génisses et le développement de pépinières locales pour améliorer la génétique du cheptel. Maroc Lait s’est également engagé à relancer l’insémination artificielle via le Centre de Aïn Jamaâ, avec l’objectif de couvrir 80 % des besoins nationaux en semences d’ici 2028.
Malgré ces efforts, l’article souligne que le secteur doit surmonter un cercle vicieux : d’un côté, une baisse de l’offre due à la sécheresse, et de l’autre, une chute de la demande, exacerbée par la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs.
La filière laitière reste néanmoins un levier économique majeur. Elle regroupe 260 000 producteurs, 2 700 centres de collecte et 16 opérateurs industriels, transformant plus de 85 % des volumes produits. En 2022, le cheptel laitier national comptait 1,8 million de têtes, assurant une production annuelle de 2,5 milliards de litres. Grâce aux efforts conjugués du Plan Maroc Vert et des initiatives de l’interprofession, la productivité des vaches a significativement augmenté, atteignant 4 200 litres par an pour les races pures et 2 300 litres pour les races croisées.
Les données publiées par Le Matin mettent en lumière les progrès réalisés tout en rappelant les défis structurels à relever pour garantir la durabilité et la compétitivité de cette filière essentielle.