Crise du médicament au Maroc : Plus de 600 références introuvables

La pénurie de médicaments au Maroc prend une tournure critique. Plus de 600 références, souvent parmi les plus essentielles et les plus abordables, sont actuellement indisponibles dans les officines du pays. Le constat, partagé tant par les pharmaciens que par les associations de consommateurs, pointe du doigt une crise structurelle alimentée par une politique de prix jugée contre-productive.

Pour Amine Bouzoubaa, secrétaire général de la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc, le phénomène n’est ni nouveau ni temporaire. Il s’agit d’une dérive progressive, exacerbée par l’entrée en vigueur du décret encadrant la fixation des prix des médicaments. « Ce texte a rendu non rentables nombre de médicaments bon marché, poussant les industriels à les retirer du marché », déplore-t-il.

Les traitements les plus touchés sont souvent destinés aux maladies chroniques : antihypertenseurs, antidiabétiques, antibiotiques, anti-inflammatoires… autant de produits dont le coût unitaire est souvent inférieur à 100 dirhams. Dans de nombreux cas, les laboratoires préfèrent cesser leur production plutôt que de vendre à perte.

Cette situation n’est pas sans conséquences sur la santé publique. Des milliers de patients, notamment parmi les plus fragiles, se retrouvent privés de traitements réguliers. Certains, désespérés, se tournent vers l’étranger pour tenter de se procurer les médicaments manquants, quitte à entrer dans des circuits de contrebande et à s’exposer à des produits non contrôlés.

Face à l’ampleur du problème, les pharmaciens appellent les autorités à une réforme de fond. Parmi leurs principales revendications : l’arrêt immédiat de la baisse des prix pour les médicaments déjà peu chers, la reconnaissance du droit de substitution — qui permettrait aux pharmaciens de proposer des équivalents en cas de rupture — et une révision globale du système de fixation des prix, intégrant les réalités économiques de la production pharmaceutique.

« Nous sommes à l’aube d’une nouvelle réforme. Mais si elle ne prend pas en compte les erreurs du passé, elle risque d’aggraver la crise », avertit Amine Bouzoubaa. Le message est clair : sans ajustement rapide, la pénurie pourrait s’inscrire durablement dans le paysage sanitaire marocain.

Source Le360

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