Auto-MotoNewsslide

Hydrocarbures : le marché parallèle fragilise un secteur stratégique

Au Maroc, la vente informelle de carburants n’est plus une simple dérive marginale : elle pèse désormais lourdement sur l’équilibre d’une filière essentielle à l’économie nationale. Dépôts clandestins, citernes improvisées sur les chantiers, stations mobiles sans agrément… autant de pratiques qui concurrencent directement le réseau officiel et mettent en lumière ses vulnérabilités.

Les exploitants de stations-service agréées tirent la sonnette d’alarme. Leur modèle est grevé par des coûts incompressibles – fiscalité, normes de sécurité, engagements contractuels – alors que les acteurs du marché parallèle échappent à ces obligations. Résultat : un écart de compétitivité flagrant. Là où les distributeurs légaux obtiennent des remises plafonnées à 40 centimes par litre, les grossistes informels pratiquent des rabais pouvant atteindre deux dirhams. Une différence qui alimente une contre-économie florissante et attire autant des entreprises que des particuliers.

Une menace économique et sécuritaire

Le danger dépasse la seule dimension financière. Les installations illégales, souvent hors normes, exposent à des risques majeurs d’incendie, d’explosion et de pollution. Chaque litre stocké ou écoulé en dehors de tout contrôle réglementaire représente une menace pour les travailleurs, les riverains et l’environnement.

La piste de la traçabilité

Face à ce défi, le ministère de tutelle envisage l’introduction d’un traceur chimique dans les carburants afin d’en suivre la circulation et de mieux détecter les fraudes. Mais ce dispositif suppose des moyens techniques lourds : laboratoires, contrôles renforcés et infrastructures adaptées. Faute de quoi, la mesure resterait théorique et difficile à appliquer.

Un enjeu institutionnel

Au fond, la montée en puissance du marché parallèle traduit un double déséquilibre. Économique, car elle souligne la fragilité d’un modèle légal contraint par des charges élevées. Institutionnel, car elle interroge la capacité de régulation et d’encadrement d’un secteur vital.

Préserver le réseau officiel, c’est protéger les investissements de centaines de professionnels, mais aussi garantir la sécurité des citoyens et la stabilité d’un marché stratégique pour la souveraineté énergétique du Royaume. Laisser prospérer l’informel, au contraire, reviendrait à affaiblir un maillon clé de l’économie nationale.

Le dossier des hydrocarbures agit ainsi comme un révélateur : pour dépasser les effets de la concurrence déloyale, c’est une véritable refonte de la régulation, de la concertation et de la transparence qui s’impose.

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page
×