Le projet de Loi de Finances 2026 prolonge la contribution sociale de solidarité sur les bénéfices et les revenus jusqu’en 2028. Cette mesure, instaurée pour soutenir le financement de la généralisation de la protection sociale, devrait continuer de générer plusieurs milliards de dirhams chaque année.
Présenté le 20 octobre 2025, le Projet de Loi de Finances (PLF) 2026 confirme la reconduction de la taxe de solidarité pour une période de trois ans. Cette contribution concerne les sociétés et les personnes physiques soumises à l’impôt sur le revenu selon le régime du résultat net réel, dès lors que leurs bénéfices imposables atteignent ou dépassent un million de dirhams.
Le barème reste inchangé : 1,5 % pour les bénéfices entre 1 et 5 millions de dirhams, 2,5 % entre 5 et 10 millions, 3,5 % entre 10 et 40 millions, et 5 % au-delà de ce seuil. Selon les estimations du ministère des Finances, cette taxe rapporte entre 5 et 6 milliards de dirhams par an, des fonds entièrement consacrés au chantier de la protection sociale universelle.
Le gouvernement prévoit de poursuivre la mise en œuvre de son programme d’aide directe, destiné à près de 4 millions de ménages. Le PLF 2026 introduit également une revalorisation des allocations familiales, désormais fixées entre 50 et 100 dirhams par enfant pour les trois premiers enfants. Une aide spécifique sera en outre déployée pour les enfants orphelins ou abandonnés pris en charge dans les établissements de protection sociale.
Cette reconduction « vise à consolider les ressources nécessaires à la pérennisation des programmes de soutien social », en cohérence avec la trajectoire budgétaire fixée depuis 2021.
Cette prolongation suscite néanmoins des réticences au sein du secteur privé. La Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) rappelle que la contribution avait été instaurée en 2021 comme une mesure temporaire. Le patronat redoute qu’elle ne devienne un prélèvement durable sur les bénéfices, dans un contexte marqué par la hausse des coûts de production et la baisse des marges.
Un représentant de la CGEM souligne que « la fiscalité sur les sociétés doit être repensée pour encourager l’investissement plutôt que de le freiner ». Du côté du gouvernement, on insiste sur le caractère « solidaire et redistributif » de la contribution, considérée comme un levier essentiel du financement social.
La reconduction de la taxe de solidarité illustre la tension entre l’exigence de financement des politiques sociales et la demande du secteur privé pour un allègement fiscal. Elle s’inscrit dans un contexte de ralentissement de la croissance, estimée à 3,2 % pour 2026, et de hausse des dépenses publiques liées à la réforme des filets sociaux.
Les débats parlementaires autour du PLF 2026 devraient préciser si cette mesure restera strictement temporaire ou si elle s’inscrira, de fait, dans la durée.