Le Projet de Loi de Finances (PLF) 2026 prévoit un budget record de 140 milliards de dirhams pour l’Éducation et la Santé, deux piliers du futur État social marocain. Mais selon le quotidien L’Opinion, cet effort budgétaire exceptionnel s’accompagne de mesures fiscales qui risquent d’alourdir la facture des ménages, notamment à travers la hausse des droits d’importation sur plusieurs produits électroménagers.
Si le texte est adopté en l’état, le taux de droit d’importation sur les machines à laver passera de 2,5 % à 17,5 %, tandis que celui appliqué aux congélateurs grimpera de 10 % à 17,5 %.
Le gouvernement justifie cette décision par la volonté de protéger l’industrie locale face à la concurrence étrangère, principalement asiatique.
Cette mesure s’inscrit dans la stratégie d’industrialisation nationale portée par le ministère de l’Industrie, mais elle risque de peser directement sur le pouvoir d’achat des consommateurs, en particulier la classe moyenne, déjà fragilisée par la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires.
Pour les ménages marocains, cette augmentation des droits d’importation revient à un impôt indirect sur des produits de première nécessité domestique.
L’électroménager importé, notamment les marques européennes et asiatiques, reste très prisé pour leur fiabilité et leur durabilité. Or, la production locale, encore limitée, ne peut pas toujours répondre à la demande qualitative de la classe moyenne.
Comme le souligne L’Opinion, « ces achats ne se reporteront pas directement sur les produits locaux », car les familles préfèrent investir dans des équipements de meilleure gamme, quitte à payer plus cher.
L’expérience montre que la protection prolongée des producteurs locaux peut ralentir leur développement.
Privées d’une concurrence dynamique, certaines entreprises risquent de s’installer dans le confort d’un marché garanti, sans chercher à innover ni à améliorer la compétitivité de leurs produits.
Cette logique, avertit L’Opinion, pourrait à terme freiner la montée en gamme du “Made in Morocco”, pourtant essentielle à la souveraineté industrielle recherchée par le Royaume.
La question centrale demeure celle de l’équilibre entre financement de l’État social et protection du pouvoir d’achat.
L’augmentation des taxes à la consommation, si elle n’est pas compensée par une offre locale compétitive, risque d’éroder davantage la confiance des ménages et de ralentir la demande intérieure.
