La Fédération marocaine des boulangeries et pâtisseries tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Entre l’augmentation continue des coûts de production, l’absence de soutien direct de l’État et la montée du secteur informel, les professionnels préviennent que le prix du pain pourrait bientôt augmenter. Selon Al Akhbar, la profession traverse une crise profonde qui fragilise particulièrement les petites et moyennes structures.
Les boulangers expliquent que la flambée des matières premières, notamment la farine, le gaz et les énergies, a réduit les marges au point de mettre en péril la survie de nombreux établissements. Plusieurs d’entre eux rapportent ne plus parvenir à couvrir leurs dépenses quotidiennes. Cette situation s’aggrave, disent-ils, du fait de la concurrence informelle : des points de vente non déclarés se multiplient sans contrôle sanitaire ni exigences fiscales, créant un déséquilibre jugé « injuste » par les professionnels structurés.
La Fédération pointe surtout la question de la farine subventionnée, estimant que le dispositif actuel ne profite pas réellement aux boulangeries. Selon elle, une grande partie de cette farine est utilisée pour la préparation domestique ou par d’autres industries alimentaires, sans cahier des charges capable d’en encadrer la distribution. Elle précise également que les moulins produisent à partir des céréales subventionnées plusieurs produits vendus bien plus cher que la farine elle-même, tandis que les boulangeries ne bénéficient d’aucune aide directe malgré leur rôle central dans la production d’un aliment essentiel.
La polémique s’est renforcée après les déclarations du ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, qui a affirmé que l’État soutenait les céréales afin de maintenir le prix du pain à 1,20 dirham. La Fédération a aussitôt réagi, jugeant ces propos inexacts et rappelant qu’aucun prix officiel n’encadre le pain, un produit régi par la liberté des prix. Elle insiste en outre sur l’absence de mécanismes clairs garantissant que les subventions atteignent effectivement les boulangers.
Face à cette accumulation de difficultés, les professionnels appellent à une réforme complète du secteur. Ils demandent l’ouverture d’un dialogue national pour revoir le système de distribution de la farine, intégrer le secteur informel et mettre en place des normes strictes de qualité et de sécurité alimentaire. La Fédération réclame aussi un cadre législatif dédié à la profession, ainsi qu’un cahier des charges précis pour la farine destinée au pain, incluant une fiche technique obligatoire et le passage à des emballages en papier pour préserver la qualité du produit.
Pour beaucoup, seule une reconfiguration globale du secteur pourrait éviter une hausse du prix du pain, garantir la pérennité des boulangeries et maintenir l’accès des consommateurs à un produit de base à un coût raisonnable.

