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Tomates marocaines : une pénurie annoncée dès février 2025

Sous l’effet cumulé des aléas climatiques et du manque de plants résistants

À l’approche de l’hiver, les signaux d’alerte se multiplient dans la région de Souss-Massa. Les séquelles des intempéries estivales continuent de perturber le cycle des primeurs, fragilisant des cultures déjà éprouvées. Le média spécialisé Fresh Plaza souligne que les plants résistants se font rares et que les ajustements opérés par les agriculteurs ne suffisent pas à enrayer la baisse des volumes. Les révisions récentes des listes de produits phytosanitaires autorisés au Maroc et en Europe, qui ont retiré plusieurs substances jugées efficaces, compliquent encore davantage la tâche des producteurs. Sur le terrain, la contraction de l’offre est déjà visible.

Les poivrons et les tomates sont les premiers touchés. Les variétés carrées atteignent des prix record, tandis que la tomate se maintient à des niveaux élevés malgré des volumes d’exportation modestes vers l’Europe. Si le continent bénéficie encore d’une production locale exceptionnellement tardive, Fresh Plaza estime que cette situation est transitoire. Les tensions devraient apparaître simultanément sur les marchés marocain et européen dès février, entraînant une flambée des prix.

Les inondations récentes à Dakhla aggravent la difficulté, notamment pour la segmentation de la tomate, souvent utilisée comme alternative à la tomate ronde en période de pénurie. Comme le Maroc n’importe ni tomates ni autres primeurs, chaque perturbation dans la production interne se répercute immédiatement sur le marché national. Fresh Plaza juge improbable un retour à la normale avant février, un mois d’autant plus sensible qu’il coïncidera avec le ramadan. Le souvenir des restrictions à l’export imposées en 2023 refait surface, et l’éventualité de mesures similaires en 2026 n’est pas exclue, surtout avec la demande accrue attendue pendant la Coupe d’Afrique des Nations.

Les Inspirations Éco rapporte la même inquiétude. Amine Amanatoullah, producteur à Agadir, note que les conditions climatiques de l’été ont laissé des traces durables. Le manque de plants résistants, l’insuffisance de solutions biologiques et le retrait de plusieurs produits phytosanitaires fragilisent l’ensemble des primeurs. Jusqu’ici, l’Europe échappe à la pénurie grâce à une saison exceptionnelle, mais cette situation pourrait basculer rapidement.

Cette combinaison de facteurs laisse présager une campagne hivernale très en dessous des standards habituels. Les prix augmentent déjà sur le marché marocain, signe de tensions croissantes. Les exportations demeurent faibles, conséquence directe de la baisse des volumes disponibles.

La FIFEL appelle toutefois à la prudence face aux prédictions alarmistes. Son président, Lahoucine Aderdour, rappelle que les performances agricoles restent largement dépendantes de la météo hivernale. Une pluviométrie favorable pourrait atténuer la pression, alors qu’un épisode de froid brutal aurait l’effet inverse. Mais pour la profession, le risque principal est ailleurs : les virus qui déciment les plantations. Certains bassins voient leurs parcelles anéanties en quelques jours, rendant toute projection incertaine, même si le climat est clément.

Les producteurs misent sur des variétés résistantes, notamment pour la tomate cerise, mais la tomate ronde demeure très vulnérable. Aucune variété réellement résistante n’est encore disponible, et les semences tolérantes n’offrent pas une protection suffisante pour préserver les rendements. La superficie cultivée, autour de 5.000 hectares, reste stable, mais cela ne garantit en rien le niveau des récoltes.

Face à ces aléas, l’appui de l’État constitue un soutien vital. Lors de la campagne 2024-2025, un programme spécifique a aidé au financement des semences et des plants de tomates rondes. Plus de 8.000 agriculteurs ont sollicité une aide, dont plus de 4.300 dossiers ont été acceptés pour un montant dépassant 1,46 milliard de dirhams, couvrant environ 30.000 hectares. La tomate apparaît ainsi comme l’une des cultures les mieux accompagnées, loin devant la pomme de terre et l’oignon.

La combinaison des maladies virales, des perturbations climatiques et des contraintes réglementaires laisse peu de marge. À quelques semaines de la saison hivernale, la filière redoute une nouvelle crise, avec un mois de février placé sous haute tension.

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