La rupture persistante de stocks de plusieurs médicaments indispensables au traitement des maladies chroniques suscite une inquiétude croissante chez les patients, leurs familles et les professionnels de santé. Loin d’être conjoncturelle, cette pénurie s’installe dans la durée et met en lumière les fragilités structurelles du système d’approvisionnement pharmaceutique, au risque de provoquer de graves conséquences sanitaires.
Selon une revue de presse publiée par Al Akhbar, de nombreuses pharmacies à travers le Royaume font face, depuis plusieurs mois, à des perturbations récurrentes dans la disponibilité de traitements vitaux. Sont notamment concernés les médicaments destinés au diabète, à l’hypertension artérielle, aux maladies cardiovasculaires, à l’asthme, à l’épilepsie, ainsi que certains anticancéreux. Pour les patients, cette situation se traduit par une errance thérapeutique éprouvante, les contraignant à multiplier les déplacements entre officines, souvent sans succès, ou à se tourner vers des alternatives qui ne sont pas toujours adaptées ni disponibles.
Des risques médicaux majeurs
Les médecins alertent sur les dangers liés à ces ruptures répétées de traitement. Chez les personnes atteintes de maladies chroniques, la continuité thérapeutique est essentielle à la stabilité de l’état de santé. Toute interruption brutale ou modification non encadrée du protocole médical peut entraîner des complications sévères, une aggravation rapide de la pathologie ou la survenue de crises aiguës nécessitant une hospitalisation en urgence. Cette insécurité thérapeutique pèse lourdement sur les patients, tant sur le plan physique que psychologique.
Des causes multiples et structurelles
Interrogés par Al Akhbar, des acteurs de la distribution pharmaceutique évoquent plusieurs facteurs expliquant cette situation préoccupante. Parmi eux figurent des dysfonctionnements dans les chaînes d’approvisionnement, la hausse des coûts de production des médicaments, ainsi que les retards de paiement des créances dues à certains laboratoires. À ces éléments s’ajoutent un déficit de planification anticipative pour constituer des stocks nationaux suffisants de médicaments essentiels et une coordination jugée insuffisante entre les différents intervenants de la chaîne du médicament.
Appels à une intervention urgente
Face à l’ampleur de la crise, des patients et des associations de la société civile expriment leur mécontentement et appellent à une intervention rapide du ministère de la Santé et de la Protection sociale. Ils réclament des mesures concrètes et durables pour garantir l’accès régulier aux médicaments vitaux dans l’ensemble des pharmacies, en particulier dans les zones rurales et marginalisées, où la pénurie est souvent plus aiguë.
En l’absence de réponses structurelles, les malades chroniques demeurent les premières victimes de cette situation. Confrontés à l’alternative entre une quête incessante de leurs traitements ou l’acceptation de risques sanitaires aux conséquences potentiellement dramatiques, ils se retrouvent au cœur d’une crise silencieuse qui interroge la capacité du système de santé à assurer, dans les faits, le droit constitutionnel à l’accès aux soins.
Avec Al Akhbar

