Portées par une conjoncture économique difficile, les friperies et autres marchés de seconde main connaissent une véritable renaissance. Ce phénomène, loin de se cantonner aux foyers modestes, touche désormais une large frange de la population marocaine, en quête de bonnes affaires et d’alternatives économiques au neuf.
Loin d’être un simple repli face à l’inflation, cette tendance traduit une mutation profonde des habitudes de consommation. Selon le quotidien Assabah, les marchés d’occasion enregistrent un regain d’activité notable, aussi bien au Maroc qu’à l’étranger. À l’origine de ce succès : une offre éclectique et un marketing renouvelé qui séduit toutes les classes sociales, notamment la classe moyenne, fragilisée par la hausse des prix.
Les friperies, longtemps associées à une image marginale, s’imposent désormais comme des commerces à part entière. Vêtements de marque, appareils électroménagers, objets rares, ou encore articles de collection : l’éventail des produits proposés s’est considérablement élargi. Certains vendeurs vont jusqu’à se spécialiser dans des niches précises, telles que les équipements domestiques, les pièces détachées ou les objets recyclés.
L’essor du numérique a fortement contribué à cette transformation. De nombreuses boutiques d’occasion ont pris le virage digital en créant des pages sur les réseaux sociaux, attirant ainsi une clientèle bien au-delà de leur périmètre géographique. Ce recours au digital permet aux commerçants de mieux valoriser leurs produits et de toucher des acheteurs dans tout le Royaume.
Mais les marchés de seconde main ne sont pas seulement des lieux d’achat : ils accueillent aussi des vendeurs occasionnels. En période de besoin financier, de nombreux particuliers y écoulent des biens personnels. Cette fonction double – commerciale et sociale – confère à ces espaces un rôle économique essentiel.
Parmi les segments les plus dynamiques, le textile de seconde main conserve une longueur d’avance. Structuré autour de véritables réseaux de distribution, ce marché génère plusieurs milliards de dirhams de chiffre d’affaires et emploie des milliers de personnes. Il existe difficilement une ville marocaine sans un coin dédié à ces vêtements importés, souvent griffés, que certains clients parcourent des kilomètres pour dénicher.
Le cas emblématique de Derb Ghallef à Casablanca illustre parfaitement ce boom du marché de l’occasion. La célèbre « joutiya », bien connue pour son offre en téléphones, accessoires et matériel électronique, continue d’attirer une clientèle fidèle et éclectique. Aux côtés des appareils neufs, les modèles reconditionnés ou de seconde main y sont rois, à des prix imbattables. Le chiffre d’affaires global de Derb Ghallef s’élèverait à plusieurs milliards de dirhams selon les estimations recueillies par Assabah.
Ce dynamisme se reflète également dans la professionnalisation croissante des commerçants de la joutiya. Beaucoup ont su s’adapter à l’évolution technologique, en se formant aux nouvelles pratiques numériques, parfois au contact direct d’ingénieurs et de techniciens, ou grâce à des formations en ligne.
Face à une consommation plus réfléchie et contrainte, les marchés de l’occasion redéfinissent les codes de l’économie populaire, devenant un levier d’inclusion, de résilience et d’opportunité.
Avec Assabah