L’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) vient d’autoriser officiellement la création de deux coentreprises entre Maroc Telecom et Inwi, marquant un tournant important dans la stratégie d’infrastructure du secteur télécom au Maroc.
Les deux opérateurs vont unir leurs forces pour mutualiser leurs infrastructures passives dans deux domaines clés : la fibre optique jusqu’au domicile (FTTH) et les équipements mobiles (antennes, pylônes, sites). Cette collaboration prendra la forme de deux sociétés juridiquement indépendantes : FiberCo, dotée d’un capital de 3 milliards de dirhams, dédiée au déploiement de la fibre optique, et TowerCo, avec un budget de 1,4 milliard, centrée sur l’hébergement des équipements radio.
Chaque coentreprise sera accessible à l’ensemble des opérateurs, sur un modèle neutre et non-discriminatoire. L’ANRT précise que les maisons-mères n’auront pas d’avantage particulier sur les autres acteurs, que ce soit en matière d’accès ou de tarification. L’agence exige également une séparation stricte des systèmes d’information et des prises de décision, pour éviter tout risque de coordination anticoncurrentielle.
Sur le plan concurrentiel, le régulateur estime que l’opération ne menace pas la dynamique du marché de détail, les nouvelles sociétés n’ayant pas vocation à y intervenir directement. Au contraire, la mutualisation des infrastructures pourrait favoriser la concurrence dans la fibre optique, jusque-là freinée par des déploiements fragmentés.
Concernant le mobile, l’ANRT reconnaît que les deux groupes détiennent déjà une large part du marché de l’infrastructure passive. Toutefois, les obligations de partage existantes, prévues par la loi 24-96, et les engagements des opérateurs (offres de référence, accès ouvert, gouvernance encadrée) constituent selon l’agence des garde-fous suffisants.
Ce feu vert s’inscrit dans un contexte de transformation numérique du Maroc, où la maîtrise des coûts et l’accès équitable aux infrastructures deviennent déterminants pour accélérer la couverture et améliorer la qualité de service. L’ANRT annonce par ailleurs une surveillance renforcée du fonctionnement des deux coentreprises dans les premières années, pour s’assurer du respect des engagements et prévenir tout abus de position dominante.
Avec ce projet, le Maroc inaugure un nouveau modèle de coopération entre opérateurs, qui pourrait rationaliser les investissements tout en renforçant la compétitivité du secteur.