En quelques années, la jeunesse marocaine est passée du statut de force de travail en attente d’opportunités à celui d’acteur central de la création de valeur. Le Royaume, fort de politiques publiques ambitieuses et d’un écosystème entrepreneurial en pleine expansion, s’impose désormais comme une plateforme d’innovation en Afrique et dans la région MENA.
Loin de se contenter de chercher un emploi, les jeunes marocains façonnent désormais leurs propres opportunités. Le programme Intelaka, lancé en 2020, illustre cette dynamique : plus de 18 000 jeunes porteurs de projets ont bénéficié d’un financement à taux préférentiel et d’un accompagnement technique structuré. Avec 60 % des projets portés par des moins de 35 ans, l’entrepreneuriat devient un véritable état d’esprit.
De son côté, « Forsa », lancé en 2022, est devenu l’un des piliers de l’inclusion économique. Formation en e-learning, coaching personnalisé et financement jusqu’à 100 000 dirhams (dont une subvention directe) : le dispositif a soutenu plus de 20 000 projets en 2024, en particulier en milieu rural. Ce programme a aussi marqué une avancée notable dans l’autonomisation économique des femmes.
Un écosystème startup en pleine effervescence
Le Maroc ne se contente plus de stimuler l’entrepreneuriat ; il bâtit un véritable hub d’innovation. Selon l’OMPIC, 95 256 entreprises ont vu le jour en 2024, un chiffre record qui confirme l’appétit entrepreneurial. Les SARL et SARL à Associé Unique dominent le classement, notamment chez les jeunes startups, car elles offrent une structure souple et adaptée.
Cette croissance est également soutenue par des dispositifs comme « R&D Maroc 60 Startups », initié en 2024 en partenariat avec TAMWILCOM, qui vise à propulser 60 projets innovants en cinq ans, en mettant l’accent sur la recherche, les brevets et la technologie.
En 2024, les startups marocaines ont levé plus de 94 millions de dollars, triplant ainsi le montant enregistré en 2023 (33,3 millions). Ce résultat, révélé par le rapport UM6P Morocco Startup Ecosystem, démontre la capacité du Royaume à séduire les investisseurs malgré un contexte international difficile. Toutefois, des défis subsistent : l’absence de mécanismes de sortie pour les fonds de capital-risque ou encore le déficit de financement local pour les phases de croissance (séries A et B) reste un frein.
Les secteurs phares de l’innovation
La vitalité de l’écosystème marocain se manifeste dans une diversité de secteurs stratégiques en pleine transformation. La Tech et l’Intelligence Artificielle ouvrent la voie, avec des startups qui explorent l’automatisation, le cloud et l’analyse de données pour créer des solutions de rupture. La Fintech s’impose comme un moteur de modernisation des services financiers, favorisant une inclusion plus large grâce à des plateformes innovantes. L’Agritech, pilier de la stratégie nationale Génération Green, transforme l’agriculture en intégrant des technologies de précision et des outils de gestion intelligente de l’eau. Les énergies renouvelables et la mobilité durable, soutenues par l’ambition de transition énergétique du Royaume, offrent un terrain fertile pour l’innovation, qu’il s’agisse de solaire, d’éolien ou de mobilité électrique. Enfin, l’EdTech et la HealthTech redessinent les contours de l’apprentissage et de la santé à l’ère numérique, en proposant des solutions digitales adaptées aux besoins des citoyens et des institutions.
En gros, les jeunes entrepreneurs, soutenus par des programmes publics et des financements privés, ne se contentent plus d’être des pionniers : ils bâtissent les fondations d’une économie marocaine plus diversifiée, compétitive et résiliente.