Le Conseil de la concurrence vient de déclencher une opération d’investigation d’envergure dans le secteur avicole. Jeudi dernier, ses équipes ont mené simultanément des visites surprise assorties de saisies de documents auprès de cinq entreprises actives sur le marché des aliments composés et, par ricochet, sur celui des poussins. À l’origine : des soupçons de pratiques anticoncurrentielles susceptibles d’affecter ces filières clés.
Cette intervention n’a pas été improvisée. Elle a été effectuée avec l’autorisation du Procureur du Roi et sous escorte de la Brigade Nationale de la Police Judiciaire, comme le prévoit l’article 72 de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence. L’objectif est clair : collecter des preuves sur place et préserver l’intégrité des échanges et documents potentiellement liés aux pratiques présumées.
Le Conseil tient toutefois à préciser que ces visites ne constituent pas un jugement anticipé. À ce stade, rien ne permet d’affirmer la culpabilité des entreprises concernées. Il reviendra à ses instances délibératives de trancher, après une instruction approfondie et contradictoire, en respectant les droits de défense de chaque entité.
Pour l’heure, aucun nom ne sera communiqué. Une prudence assumée afin de ne pas compromettre l’enquête ni nuire à la présomption d’innocence des opérateurs visés.
Ce type d’intervention constitue l’une des armes les plus déterminantes du Conseil. Ses services disposent en effet d’un pouvoir d’investigation direct permettant de recueillir sur site des éléments probants dans les cas de soupçon d’entente, d’abus de position dominante ou de défaut de notification d’une opération de concentration — une pratique communément appelée gun jumping.
Dans un marché aussi sensible que celui de l’avicole, où l’aliment et le poussin conditionnent toute la chaîne de valeur, ces investigations pourraient avoir un impact majeur sur la structuration du secteur dans les prochains mois.
Avec MAP


