Subventions à l’élevage : une série de fraudes secoue le secteur ovin et caprin

Une opération de recensement du cheptel a révélé de graves anomalies dans l’octroi des aides publiques destinées à l’élevage ovin et caprin. Selon Al Akhbar, des bénéficiaires fictifs, des cheptels inexistants et des pratiques frauduleuses ont été mis au jour, pointant du doigt des dysfonctionnements structurels dans la gestion des subventions agricoles.

Au cœur du scandale figure l’Association nationale des éleveurs d’ovins et de caprins (ANOC), accusée par plusieurs élus, notamment le groupe parlementaire du PPS, d’avoir manipulé les chiffres du cheptel national pour maximiser le montant des aides perçues. L’association, qui capte à elle seule 30% de l’enveloppe globale allouée à ces subventions, est soupçonnée d’avoir gonflé artificiellement les statistiques du secteur.

L’enquête révèle que certaines personnes reçoivent 750 dirhams par tête de bétail depuis plusieurs années, sans posséder le moindre animal. Pire encore, des pratiques de location temporaire de moutons ont été identifiées : des éleveurs loueraient des bêtes à 150 dirhams l’unité, perçoivent les aides publiques, puis rendent les animaux à leurs propriétaires, encaissant au passage une marge indue.

Autre stratagème signalé : l’achat temporaire de bétail sur les marchés, uniquement pour accéder aux subventions, avant de revendre rapidement les animaux. Ces pratiques contournent totalement la règle imposant aux bénéficiaires de conserver le cheptel subventionné pendant au moins cinq ans.

Ces révélations ont provoqué un vif échange lors de la séance parlementaire du 14 juillet, durant laquelle Rachid Hamouni, chef du groupe PPS à la Chambre des représentants, a interpellé le ministre de l’Agriculture, Ahmed El Bouari. Le député a dénoncé l’opacité de gestion de l’ANOC, accusée d’exclure les membres internes critiques, et exigé une enquête approfondie sur l’utilisation des deniers publics.

Le ministre s’est contenté de rappeler que les comptes de l’ANOC font l’objet d’audits réguliers, notamment par la Cour des comptes. Une réponse jugée insuffisante au regard de l’ampleur des fraudes dénoncées. De son côté, le président de l’ANOC aurait tenté de rejeter la responsabilité du recensement sur le ministère, ajoutant à la confusion.

Ce scandale relance le débat sur la transparence dans la gestion des subventions agricoles et sur le rôle des associations partenaires de l’État dans la mise en œuvre des politiques publiques.

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