L’industrie agroalimentaire se transforme. Face aux défis environnementaux, économiques et sanitaires, elle intègre de plus en plus d’innovations pour produire mieux, gaspiller moins et valoriser davantage. Deux axes majeurs s’imposent aujourd’hui, l’adoption des nouvelles technologies et la gestion durable des ressources, notamment par la valorisation des sous-produits.
Les nouvelles technologies transforment profondément les chaînes de production agroalimentaire. L’intelligence artificielle, la robotique, les capteurs connectés et la blockchain optimisent chaque étape du processus, de la ferme à l’assiette. Par exemple, les capteurs et l’analyse de données permettent un suivi en temps réel des cultures, réduisant l’usage de l’eau, des engrais et des pesticides. Les robots de récolte automatisent les tâches répétitives tout en réduisant les pertes. Dans les usines, l’automatisation améliore la qualité, la traçabilité et la sécurité sanitaire des produits. La blockchain, quant à elle, garantit la transparence sur l’origine, les conditions de production et les circuits de distribution, répondant à une demande croissante des consommateurs pour des produits traçables et éthiques.
Chaque année, des tonnes de sous-produits sont générées dans l’industrie agroalimentaire : épluchures, coquilles, pulpes, résidus de production. Longtemps considérés comme des déchets, ces éléments sont aujourd’hui vus comme des ressources à exploiter. De nombreuses entreprises innovent pour donner une seconde vie à ces matières. Les peaux de fruits deviennent des ingrédients pour des cosmétiques ou des compléments alimentaires. Les résidus de céréales servent à produire des bioplastiques, du biogaz ou des aliments pour animaux. Cette logique d’économie circulaire réduit l’impact environnemental et ouvre de nouvelles opportunités économiques. Par ailleurs, la valorisation des sous-produits s’inscrit dans une gestion plus durable des ressources, limitant le gaspillage et les émissions de gaz à effet de serre liées à leur élimination.
L’agroalimentaire évolue vers un modèle plus intelligent et plus respectueux de l’environnement. L’intégration des technologies et la valorisation des sous-produits ne sont plus des options, mais des impératifs pour répondre aux attentes sociétales et préserver les ressources. Ce virage soulève de réels défis entre investissements, formation et adaptation réglementaire. Mais c’est aussi une chance majeure de repenser l’alimentation de demain, plus innovante, durable et responsable.
L’offensive export : Conquérir de nouveaux marchés
Le Maroc s’efforce de concilier la satisfaction des besoins domestiques avec ses ambitions de renforcer sa présence sur les marchés internationaux. En 2023, les exportations marocaines ont atteint 413,41 milliards de dirhams (MMDH), enregistrant une hausse de 5,2 % par rapport à 2022. Cette progression s’est toutefois accompagnée d’une augmentation des importations, creusant le déficit commercial à 275,74 MMDH. Les exportations marocaines ont maintenu leur dynamique haussière en 2024. À fin septembre, elles ont atteint une valeur totale estimée à 331 MMDH, marquant une augmentation de 5,3 % (soit 16,8 MMDH) par rapport à la même période de 2023. Cette performance est largement due à la forte demande sur les marchés internationaux pour les produits marocains. L’agriculture et l’industrie agroalimentaire demeurent un pilier des exportations marocaines, malgré les défis climatiques. En 2023, leur valeur a dépassé 83 MMDH, avec une performance solide en 2024 : 62,2 MMDH à fin septembre, confirmant la position de l’agriculture comme deuxième secteur exportateur du Royaume. Ce dynamisme s’explique par la hausse des prix internationaux, la diversification des marchés et l’amélioration de la qualité des produits. Au début du quatrième trimestre 2024, les exportations agricoles et agroalimentaires ont enregistré une croissance notable de 22 %, contrastant avec la baisse de 0,6 % en 2023. Sur les dix premiers mois, elles ont progressé de 2,9 %, atteignant près de 69,8 MMDH. Pour soutenir cette dynamique, le gouvernement a lancé plusieurs programmes, notamment dans l’irrigation, le semis direct, les semences certifiées, les engrais, ainsi que dans les filières maraîchère, laitière et de viande rouge. Ces initiatives visent à renforcer la résilience du secteur face aux changements climatiques, tout en préparant l’avenir avec, par exemple, le projet de dessalement de Dakhla, prévu pour 2025, qui permettra l’irrigation de 5 000 hectares.
L’Union européenne demeure le principal partenaire commercial du Maroc, absorbant près de 70 % des exportations nationales. L’Espagne et la France, à elles seules, en captent 46 %. Cette forte concentration expose néanmoins le pays aux fluctuations économiques et réglementaires de l’UE. Pour atténuer ces risques, le Maroc œuvre à la diversification de ses débouchés. Les échanges avec l’Afrique ont ainsi connu une croissance marquée, passant de 36 MMDH en 2013 à 52,7 MMDH en 2023, soit une hausse de 45 %. Les exportations vers le continent ont doublé sur cette période pour atteindre 32,7 MMDH. Toutefois, l’Afrique ne représente encore que 7,6 % du total des exportations marocaines, révélant un potentiel de développement largement sous-exploité.
L’expansion vers de nouveaux marchés présente des défis logistiques et réglementaires. Les exportateurs marocains doivent souvent composer avec des barrières non tarifaires, notamment des normes sanitaires et phytosanitaires strictes, qui peuvent entraver l’accès à certains marchés. De plus, le manque d’infrastructures de transport adaptées complique la pénétration de certains marchés africains. Pour remédier à cette situation, le Maroc prévoit le lancement d’une ligne maritime reliant Agadir à Dakar, facilitant ainsi les échanges avec l’Afrique de l’Ouest. Par ailleurs, la complexité des procédures administratives et la nécessité de se conformer à des réglementations variées exigent des efforts supplémentaires de la part des exportateurs pour assurer la conformité de leurs produits aux exigences des marchés cibles.
La diversification des marchés et l’amélioration de la compétitivité des produits nationaux sont essentielles pour réduire le déficit commercial et renforcer la position du pays sur la scène internationale. Cependant, ces efforts doivent s’accompagner de mesures visant à surmonter les obstacles logistiques, qualitatives et réglementaires, afin de faciliter l’accès des exportateurs marocains à une gamme plus large de marchés internationaux. Au cœur de cette dynamique, des institutions comme Morocco Foodex accompagnent la filière nationale dans son adaptation aux standards mondiaux, tout en anticipant les mutations réglementaires des marchés partenaires. Le Green Deal, la réforme du contrôle officiel des produits alimentaires ou encore la taxe carbone sont autant de facteurs qui obligent les exportateurs marocains à revoir leurs pratiques, notamment pour les produits transformés et ceux de la mer — deux piliers des exportations marocaines.
Consciente de ces enjeux, Morocco Foodex s’apprête à organiser, les 22 et 23 avril 2025 à Marrakech, une mission de sensibilisation dédiée aux opérateurs marocains, dans l’objectif de clarifier les nouvelles exigences d’accès au marché européen, offrir des solutions concrètes, et renforcer la coopération avec les institutions européennes et les experts internationaux. Workshops interactifs, networking ciblé et visites d’entreprises sont prévus pour illustrer les bonnes pratiques en matière de traçabilité, de durabilité et de conformité réglementaire. Une initiative qui s’inscrit dans une stratégie plus large portée par Morocco Foodex à travers la création d’une plateforme digitale dès 2025, promotion d’un label de durabilité « Morocco Foodex », missions B2B ciblées… L’idée est claire : transformer les contraintes en opportunités, renforcer la compétitivité des produits marocains, et soutenir une montée en gamme durable.
Cette vision de modernisation s’appuie également sur des programmes structurants soutenus par des partenaires comme la Banque mondiale. Développement de l’agriculture biologique, recours accru aux technologies agricoles, modernisation de l’irrigation dans les zones exposées à la sécheresse… Le Maroc trace progressivement la voie vers un modèle agroalimentaire résilient et innovant.
Un positionnement récemment illustré sur la scène internationale, lors de la 35ᵉ Conférence Internationale sur le Contrôle de la Qualité des Fruits et Légumes (IAT-2025), tenue du 25 au 27 mars à Bonn, en Allemagne. Morocco Foodex y a représenté le Royaume en exposant son savoir-faire en matière de production, de conditionnement et de contrôle qualité, notamment sur des produits phares comme les agrumes, les melons et les raisins de table. Une participation remarquée qui a renforcé la visibilité du Maroc et confirmé sa capacité à répondre aux exigences des marchés les plus exigeants.