Alors que le mouvement GenZ212 poursuit ses manifestations pacifiques à travers le pays, les formations politiques multiplient les gestes d’ouverture. Entre plateformes numériques, ateliers participatifs et rencontres institutionnelles, elles cherchent à établir un dialogue avec cette jeunesse qui revendique, plus que jamais, son indépendance vis-à-vis des structures partisanes.
Depuis une semaine, les sièges des principaux partis et leurs branches jeunes et féminines sont en effervescence. Réunions, analyses, brainstormings : l’objectif est clair — comprendre les motivations de ce mouvement inédit et éviter toute dérive vers la confrontation. Selon Al Akhbar, certains partis ont même investi les espaces numériques de la GenZ, comme Discord, devenu le principal lieu d’échange du collectif, rassemblant jusqu’à 12 000 utilisateurs en simultané.
Les formations politiques cherchent à s’adapter au langage, aux codes et aux outils de cette génération. Le RNI, le PAM et l’Istiqlal ont ainsi initié des rencontres avec des jeunes leaders et des influenceurs, espérant instaurer un dialogue direct et apaiser les tensions.
Parmi les initiatives les plus structurées, l’Académie Istiqlalienne de la Jeunesse a lancé le programme « Équipe Génération Z », une vaste consultation nationale réunissant plus de 200 jeunes autour de quatre thèmes : santé, éducation, emploi et responsabilisation. Ces échanges, organisés en présentiel et sur Discord, sont complétés par l’opération « Microphone Ouvert », offrant aux jeunes un espace d’expression libre, et par des ateliers soutenus par la Ligue des ingénieurs istiqlaliens.
Le secrétaire général du parti, Nizar Baraka, a présenté les premières conclusions de la Charte de la Jeunesse, qui mettent en évidence un sentiment partagé de frustration, mais aussi une volonté d’agir pour plus de justice sociale. Baraka a plaidé pour la création d’une Académie numérique nationale et d’un cadre légal favorisant le volontariat.
Mais sur le terrain, le message des jeunes reste clair : pas de récupération politique. Plusieurs membres du mouvement GenZ212 ont affirmé, lors d’un podcast, leur refus de tout parrainage ou soutien logistique des partis, même de ceux qui se disent « proches » de leurs préoccupations.
Malgré cela, le PAM et le RNI continuent de multiplier les rencontres publiques, vantant les réformes engagées dans la santé, l’éducation et l’emploi, et appelant les jeunes à s’impliquer dans la vie politique comme moyen de faire évoluer le pays de l’intérieur.
Cependant, cette effervescence n’échappe pas à la critique. Selon Assabah, la démarche des partis semble parfois dictée davantage par des calculs électoraux que par une véritable écoute. Le fossé entre les pratiques politiques traditionnelles et les attentes d’une jeunesse connectée, exigeante et autonome reste profond.
Entre volonté de dialogue et méfiance vis-à-vis du système, la rencontre entre les partis et la Génération Z redessine aujourd’hui les contours du débat politique marocain. Une chose est sûre : la voix des jeunes s’impose désormais comme un acteur central du changement.
Avec Al Akhbar et Assabah