Le Maroc suspend les importations de bovins espagnols : le spectre d’une nouvelle hausse des prix

Le Maroc a décidé de bloquer temporairement l’entrée de bovins vivants en provenance d’Espagne, après la détection d’un virus cutané contagieux dans la région de Catalogne. Une mesure de précaution justifiée sur le plan sanitaire, mais dont les répercussions économiques risquent de se faire rapidement sentir sur le marché national de la viande.

Selon des sources citées par Al Akhbar, cette suspension a été décidée par l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) pour protéger le cheptel marocain contre la maladie de la peau nodulaire infectieuse. Ce virus, transmissible entre bovins, touche la peau et la moelle osseuse, et fait partie des pathologies animales à haut risque.

Si l’importation de viande bovine transformée reste autorisée, les importations de bétail vivant — essentielles pour l’approvisionnement des abattoirs — sont désormais à l’arrêt. L’ONSSA a par ailleurs annoncé le lancement d’une campagne de vaccination préventive pour renforcer la protection des élevages locaux.

En Espagne, les autorités ont confirmé la présence du virus chez trois bovins en Catalogne et ont, elles aussi, suspendu leurs exportations vers le Maroc. Un coup dur pour les opérateurs marocains, car l’Espagne est de loin le principal fournisseur de veaux vivants du Royaume. Sa proximité géographique et ses coûts logistiques compétitifs avaient fait d’elle un partenaire stratégique pour le marché marocain.

Avec cette suspension, les importateurs redoutent une contraction rapide de l’offre et, par ricochet, une flambée des prix. Les premières estimations évoquent une hausse comprise entre 10 et 20 dirhams le kilogramme de viande bovine dans les prochaines semaines.

Du côté des autorités, le ton se veut rassurant. Un responsable de l’ONSSA affirme que « le gel des exportations espagnoles est purement préventif et temporaire ». Il précise que des discussions sont en cours avec les autorités sanitaires espagnoles et que des alternatives sont déjà envisagées, notamment auprès d’autres fournisseurs européens comme la France ou le Portugal.

Au-delà de l’urgence du moment, cette crise révèle la fragilité structurelle de la chaîne d’approvisionnement en viande bovine au Maroc. Une dépendance excessive vis-à-vis d’un seul pays rend le marché vulnérable aux aléas sanitaires et logistiques.

En attendant que la situation sanitaire s’améliore en Espagne, les consommateurs marocains devront composer avec une offre réduite et une possible hausse des prix à la consommation. Les professionnels, eux, appellent à tirer les leçons de cet épisode en diversifiant durablement les sources d’importation pour éviter qu’une simple alerte sanitaire ne se transforme, demain, en crise d’approvisionnement.

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