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DOSSIER
abandonné leur travail et certains n’ont repris qu’après Aussi, le CESE préconise l’installation des activités manu-
trois semaines. Cette situation a donc impacté lourdement facturières dans le monde rural pour d’une part améliorer
les activités de la classe moyenne entrepreneure du monde l’intégration sectorielle, et d’autre part, favoriser la création
rural », explique Faridi. d’emplois en faveur des jeunes ruraux. Il appelle par ailleurs
Aussi, l’entrepreneur estime que le confinement imposé à la transformation des centres ruraux en pôles de déve-
à l’urbain était logique. Mais dans le rural, le choix n’était loppement économique où se concentrent les services
pas judicieux. «L’activité s’est arrêtée totalement dans ces publics de base, les activités agricoles, industrielles et
régions. Et la classe moyenne qui compte aussi bien l’épi- touristiques en vue d’absorber les flux de l’exode rurale,
cier du quartier, l’instituteur, le petit exploitant rural… a de stimuler la création de l’emploi et de favoriser l’émer-
pris un coup fatal et ne voit plus le bout du tunnel gence d’une classe moyenne rurale.
aujourd’hui», nous confie Faridi.
Le maintien de Aid Al Adha, n’a pas eu l’effet escompté
comme l’assure Faridi. D’après lui, « l’annonce faite par le DES PERTES D’EMPLOIS
ministère de l’agriculture d’une offre de bétail qui dépas- À LA PELLE !
sait la demande, a fait beaucoup de mal au monde rural Une étude publiée par la Banque Mondiale en 2018
et à la classe moyenne. Les éleveurs se sont empressés de montre que l’emploi agricole au Maroc a régressé à
liquider leur troupeau pour découvrir à la fin qu’il n’y pas une cadence annuelle de l’ordre de 0,5%, et à l’avenir,
de problème de surplus. Et donc ce sont les intermédiaires les destructions d’emplois devraient se poursuivre, voire
qui en ont profité finalement ». Aujourd’hui c’est le début s’accélérer en milieu rural, nombre de jeunes ruraux,
de la saison agricole. Et le constat de Hamid Faridi est pourtant éduqués, étant enclins à quitter leurs terres et
alarmant : plus des 2/3 des terres agricoles ne sont toujours leurs familles pour chercher désespérément du travail
pas labourés en raison de manque de moyens… Et là, ce dans les villes. En effet, d’après la dernière note de
n’est pas uniquement le Coronavirus qui est en cause. « conjoncture de la DEPF, le taux de chômage s’est établi
C’est un cumul », juge Faridi pour qui « le Plan Maroc à 12,3% durant le deuxième trimestre 2020, un niveau
Vert a fait du mal à la classe moyenne rurale. Et a engagé historique jamais réalisé depuis 2004.
les petits exploitants agricoles issus justement de cette Ce taux s’est situé à 7,2% en zones rurales contre 3%
classe dans de dépenses et des crédits qu’ils peinent à l’année dernière. Durant la période marquée par le
rembourser aujourd’hui. L’étau se resserre sur eux, et ils prolongement du confinement total jusqu’au 11 juin
vendent à perte vu l’absence d’une vision de marchés pour 2020, le volume de l’emploi a enregistré une perte de
la commercialisation de leur production ». 589.000 postes, résultant surtout d’une baisse de
520.000 postes en milieu rural. Toujours selon la DEPF,
DES PISTES DE SOLUTIONS l’emploi rémunéré aurait canalisé 264.000 des postes
Comment s’en sortir ? Dans sa contribution à l’élaboration perdus au niveau national (-31.000 postes en milieu
du nouveau modèle de développement, le CESE confirme urbain et -233.000 en milieu rural). Quant à l’emploi
le constat de difficultés vécues dans le secteur agricole. non rémunéré, il s’est contracté de 325.000 postes,
«Ce secteur, qui fait vivre 80% de la population rurale, résultat d’une perte de 38.000 emplois en zones
fait face aujourd’hui à plusieurs contraintes qui entravent urbaines et de 287.000 en zones rurales. Cette
son développement. Il s’agit notamment de l’ouverture évolution aurait concerné tous les secteurs d’activité,
du secteur à la concurrence internationale, la sécheresse notamment en particulier l’agriculture, forêt et pêche
récurrente, la complexité du foncier agricole, le manque avec 477.000 postes en moins. «Des centaines
de qualification de la main d’œuvre engendré par le départ d’emplois ont été détruits lors de cette crise sanitaire »,
des jeunes ruraux les plus qualifiés et instruits vers la ville conclut Hamid Faridi.
et la faible diversification des activités hors agriculture ».
32 N°19 - OCTOBRE 2020- 4 ANNÉE
ÈME