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DOSSIER
coût de l’enseignement préscolaire, primaire et secon-
daire a augmenté de plus de 20% entre 2013 à 2017.
«Cette situation alourdit les charges des ménages de
la classe moyenne dont certains se trouvent obligés
de s’endetter pour payer la scolarité de leurs enfants
», assure Noureddine Akkouri. Et si pour cette année,
l’enseignement supérieur, comme l’affirme, Salahed-
dine Nabigha, a opté pour une politique de réduction
de tarifs, de facilités de paiement…ce n’est pas le cas
pour certaines écoles du primaire et secondaire.
« Malgré la crise qui a provoqué une baisse au niveau
du taux acquittement pour les mois de mars, avril,
mai et Juin, beaucoup d’écoles ont augmenté encore L’ALERTE DU CESE
leurs frais d’inscriptions pour cette rentrée », regrette Dans sa contribution à l’élaboration du
Akkouri pour qui les concernés ne sont pas conscients nouveau modèle de développement, le
de la gravité de la situation. «Si les écoles continuent CESE reconnait la co-existence de deux «
d’adopter une telle stratégie, elles vont finir par fermer systèmes » d’enseignement, le public et le
leurs portes », déclare t-il. Avant de poursuivre : «il privé, qui ne s’installent pas en complémen-
est dans l’intérêt de ces établissements de prendre en tarité, favorise le creusement des inégalités
considération le contexte actuel et la situation finan- sociales.
cière des parents s’ils veulent assurer leur survie ». Mais il tient à souligner que seuls les
ménages ayant des ressources suffisantes
CE QUE PRÉCONISENT LES peuvent se permettre d’envoyer leurs
PROFESSIONNELS enfants dans les écoles privées assurant un
Pour faire face à ces dysfonctionnements et aider les minimum de qualité des apprentissages.
parents à choisir l’établissement qui correspond à « En outre et eu égard à l’hétérogénéité de
leurs bourses, les professionnels proposent une série l’offre scolaire privée, la qualité de l’ensei-
de mesures. Dans l’enseignement supérieur, Salahed- gnement dispensé aux élèves est fortement
dine Nabigha appelle à une régularisation sur la base corrélée aux capacités financières de leurs
d’une labellisation des écoles. Ce type d’évaluation parents, ce qui est de nature à entretenir
va permettre aux parents d’indexer les prix aux labels l’inégalité des chances, tout en augmentant
qui sont octroyés en fonction de la qualité (taux la vulnérabilité et le surendettement des
d’insertion professionnelle, reconnaissance des ménages modestes et ceux de la classe
diplômes…). Même recommandation ou presque du moyenne », alerte le CESE.
président de la Fédération nationale des associations
des parents d’élèves pour le primaire, secondaire et
lycée. Sauf que cette fois, la classification selon lui
doit se faire sur la base de critères différents. «Il faut frais de scolarité dans le privé du revenu imposable.
fixer les tarifs (inscription, transport, cantine…), en «En choisissant le privé, les parents ont libéré une
fonction de la situation géographique de l’école, le place dans le public. Et donc autant prendre cela en
pouvoir d’achat sectoriel…ça d’une part. D’autre part, considération et leur restituer l’impôt», préconise
Noureddine Akkouri ajoute que pour alléger les t-il.
parents des charges scolaires, il faut introduire la
déductibilité fiscale d’une partie ou de la totalité des
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