Face à la flambée des prix des viandes rouges, le gouvernement marocain a décidé de doubler le quota d’importation de bovins, le portant de 150.000 à 300.000 têtes d’ici la fin de l’année. Cette mesure vise à répondre à la demande croissante et à soutenir la reconstitution d’un cheptel national fragilisé par plusieurs années de sécheresse et par l’abattage de femelles reproductrices.
Depuis 2020, la consommation intérieure de viande rouge reste parmi les plus élevées d’Afrique du Nord, avec plus de 17 kg par habitant. Cette pression sur le marché a entraîné une hausse significative des prix, impactant particulièrement les ménages ruraux et modestes, dont 38 % ont réduit leur consommation selon la Direction des Statistiques Sociales.
Pour contenir l’inflation alimentaire, estimée à 8,5 % en 2024, le gouvernement a suspendu les droits de douane et la TVA sur les bovins importés. Parallèlement, une enveloppe budgétaire de 11 milliards de dirhams a été mobilisée pour soutenir les éleveurs, financer l’achat d’aliments, préserver les femelles reproductrices, alléger l’endettement et renforcer les campagnes de vaccination.
Malgré ces mesures, plusieurs experts alertent sur la dépendance croissante aux importations, qui pourrait représenter 20 % de la consommation nationale d’ici 2026, contre 10 % en 2023. Le Plan Maroc Vert 2, lancé en 2023, ambitionne de renforcer la résilience de la filière via irrigation, mécanisation et formation des éleveurs, mais ses effets concrets tardent encore à se faire sentir.
Face à cette situation, le gouvernement et les acteurs du secteur se trouvent confrontés à un double défi : assurer l’accès à la viande pour les ménages, tout en consolidant la souveraineté alimentaire du pays à moyen et long terme.