Casablanca vit au rythme des pelleteuses. Depuis plusieurs jours, le front de mer d’Aïn Diab connaît une vaste opération de démolition destinée à tourner une page de son histoire et à préparer l’avenir. Des établissements emblématiques, inscrits dans la mémoire collective des Casablancais, laissent place à un ambitieux projet d’aménagement qui vise à offrir à la métropole une vitrine urbaine moderne, en phase avec les grandes échéances internationales à venir, notamment le Mondial 2030.
Parmi les sites concernés figurent des lieux emblématiques : le complexe de loisirs « Paradise », longtemps repère des noctambules, ou encore l’hôtel Riad Salam, symbole d’hospitalité depuis plusieurs décennies. D’autres zones, comme les abords du sanctuaire de Sidi Abderrahmane déjà dégagés d’anciennes constructions anarchiques, sont également intégrées à cette transformation.
Le plan, piloté par le wali Mohamed Mhidia, entend redessiner entièrement la corniche. L’objectif est d’en faire un espace multifonctionnel où loisirs, culture, sport et nature cohabitent. Sont prévus : promenades piétonnes sécurisées, pistes cyclables, espaces verts, équipements culturels et infrastructures sportives. Une attention particulière est accordée à l’intégration environnementale, avec une meilleure gestion des eaux et des matériaux durables.
Mais l’ambition va plus loin. Le projet prévoit aussi la réhabilitation de sites historiques comme les piscines « Miami » et « Tahiti », tout en poursuivant la résorption des habitats précaires en bord de mer. Il s’agit de rendre au littoral son rôle de vitrine urbaine tout en respectant la mémoire des lieux.
Cette opération s’inscrit dans une stratégie nationale plus large de modernisation des espaces publics et de protection du domaine maritime. Elle vise à débarrasser la corniche des constructions illégales pour offrir à Casablanca une façade maritime digne de son statut de capitale économique.
Au-delà de l’esthétique, le chantier ambitionne de stimuler l’économie locale. L’arrivée de nouveaux investissements dans l’hôtellerie, la restauration, le sport et les loisirs devrait générer de nombreux emplois et renforcer l’attractivité touristique de la ville.
À l’approche de la Coupe du monde 2030, Casablanca veut ainsi afficher un visage rajeuni et séduisant. Pour les habitants, l’attente est teintée à la fois de nostalgie et d’espoir : la nostalgie d’un littoral qui a marqué des générations, et l’espoir de voir naître un espace public moderne, capable de réconcilier définitivement la ville avec son océan.