Page 26 - Consonews magazine janvier 2021
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DOSSIER



           rence est saine et donc cela a un effet positif sur   CONSEIL DE LA CONCURRENCE,
           le consommateur. La loi pour la protection du   L’AFFAIRE DES HYDROCAR-
           consommateur, elle, concerne plutôt des pra-  BURES
           tiques où le consommateur est partie prenante
           avec la possibilité d’ester en justice le fraudeur».     Devenu une « instance de bonne gouvernance et
           Les deux lois sont en effet, complémentaires.   de régulation » consacrée par la Constitution de
                                                         2011 (Article 166), le Conseil de la concurrence a
           RESPECT DU JEU DE LA CONCURRENCE              d’abord connu une longue période de somnolence
           Réactivé en décembre 2018 après la nomination   avant d’être réactivé, le 17 novembre 2018, avec la
           de ses membres, le Conseil de la concurrence   nomination du nouveau président Driss Guerraoui.
           est aujourd’hui une institution constitutionnelle   A cette occasion, les consignes ont été clairs : le
           chargée d’assurer l’équité et la transparence   conseil va « accomplir pleinement ses missions en
           dans les relations économiques.  En 2014 une   toute indépendance et neutralité, et de contribuer
           loi modifiant les prérogatives de ce conseil a   au raffermissement de la bonne gouvernance
           été votée. Ses pouvoirs sont largement renfor-  économique et au renforcement de la compétiti-
           cés. Il est compétent ainsi pour se prononcer   vité de l’économie nationale et de sa capacité à
           sur les pratiques anticoncurrentielles de cer-  créer de la valeur et des emplois » (Extrait du
           taines entreprises. Formellement interdites par   communiqué du Cabinet Royal, 17 novembre
           la loi, ces pratiques ont généralement pour objet   2018). La tâche n’a pas été facile. Preuve en est,
           d’anéantir les concurrents et contrôler les prix   l’affaire relative au marché des hydrocarbures.
           par la suite. Cela a des conséquences néfastes   Alors que le Conseil de la concurrence s’apprêtait
           sur le pouvoir d’achat des consommateurs. Mais   à infliger une amende record aux acteurs du
           est ce que le résultat escompté est visible sur   secteur pour non-respect des règles concurren-
           le terrain actuellement ? «Le conseil de la   tielles, un communiqué du cabinet royal est tombé
           concurrence produit un travail certes et émet   annonçant la nomination d’une “commission ad
           des avis sur de nombreux sujets, mais jusque   hoc chargée de mener les investigations néces-
           là, nous ne sommes pas encore passés au grand   saires à la clarification de la situation”. Un acte qui
           saut », regrette Ouadi Madih. Et de renchérir   fait suite à une remise en cause du processus de
           «Au-delà des avis, il faudrait que le secteur lui-  décision du président du Conseil, Driss Guerraoui,
           même sente qu’il y a un respect de ce jeu de la   par d’autres membres du même Conseil. Ces
           concurrence. L’autre bras du droit économique   derniers évoquent une communication domma-
           concernant la protection du consommateur n’a   geable à l’examen de l’affaire et à la crédibilité du
           pas encore pu décoller malheureusement ».     Conseil, un passage forcé au vote avant que le
           Toujours selon Madih, «on note de réelles     débat ne soit clos, une interprétation tronquée et
           lacunes sur le volet affichage des prix ou encore   violation de l’article 39 de la loi relative à la
           information du consommateur, équilibre des    liberté des prix et de la concurrence, une non
           contrats…donc entre la loi et la pratique sur le   satisfaction des requêtes des membres en vue
           terrain, le gouffre est profond ». Un autre hic,   d’un examen équilibré des arguments avancés par
           l’absence du conseil de la consommation. Prévu   les sociétés. Les membres accusent même le
           dans le cadre du dernier article de la loi 31-08,   président d’agir sur instructions ou selon un
           il tarde encore à voir le jour. Résultat : « le   agenda personnel. Les investigations de la
           consommateur est toujours vulnérable et ne se   commission désignée par le Roi sont toujours en
           sent pas protégé », tonne le président d’Uni-  cours.
           conso.

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                                                                                       ÈME
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