Page 27 - Consonews Magazine Juin-Juillet 2020
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COVID-19/COMMUNICATION
«La presse vit une morosité qui ne date se sont rués uniquement vers le digital »,
pas d’aujourd’hui. Mais, le Covid-19 serait explique Tahri.
le coup de grâce », lance non sans pessi-
misme Aissam Fathya, DG de Kenz Média.
Ce dernier déplore la faiblesse du lectorat AVENIR INCERTAIN
au Maroc avec un taux qui avoisine les 2%! Et demain ? La presse écrite aura-t-elle
En effet, au début de la crise, beaucoup de toujours sa place dans les médias-planning
marques ont décidé de réduire voire même des annonceurs ? Les avis divergent. Fatine
de geler leurs budgets de communication. Tahri semble optimiste.
« La crise et la réaction des annonceurs a « Le journal aura toujours sa place pour
entrainé une situation critique pour les certains secteurs d’activité, tels que les
médias avec une baisse colossale des inves- banques, les assurances, l’automobile…
tissements 80% en moyenne », confie un Ces annonceurs vont se redirigés vers les
dirigeant d’agence publicitaire. supports écrits dès la reprise. Ce ne sera
pas le cas par contre pour l’agroalimen-
taire.
UNE RUPTURE DOULOUREUSE «Je pense que ce secteur maintiendra une
Avec la décision de suspension d’impres- stratégie de communication digitale sur-
sion des journaux et magazines, la situation tout que les retombées étaient satisfai-
pour les supports papier s’est aggravée santes pendant cette période », estime
surtout que «sans ces revenus, ces médias Tahri.
n’auraient pas un équilibre financier satis- Aissam Fahiya, lui a un autre avis. Pour
faisant », analyse Aissam Fathya. Ce qui lui, la presse écrite telle qu’elle est conçue
n’a pas empêchés les journaux de sortir en aujourd’hui n’a pas d’avenir. « Il faudra un
version PDF (et donc de continuer de nouveau modèle économique et juridique
supporter des frais de structure significa- pour les médias pour s’adapter au nouveau
tifs). «Au moment où on avait une belle contexte. Sinon la presse ne séduira plus
audience, une tarification assez souple,… les annonceurs », tranche t-il. Concrète-
les marques ont préféré faire profil bas. A ment, il recommande une vraie refonte et
l’exception de certaines qui ont continué voit dans le modèle de fondations ou asso-
à jouer le jeu », regrette Fathyia. « C’est en ciations adopté dans certains pays la meil-
effet le cas de secteurs comme la banque leure solution pour que la presse écrite “
ou encore les assurances qui ont continué puisse s’en sortir. Il faudra un
à passer leurs annonces sur les médias en Aussi, il préconise l’enrichissement du nouveau
PDF », d’après Fatine Tahri , responsable lectorat avec le repositionnement en modèle
médias chez l’agence Impact Communi- termes de contenu surtout que 7 marocains économique
cation. sur 10 se connectent aujourd’hui sur un et juridique
«Une partie du budget a été convertie contenu étranger plutôt que local. Et pour pour les
néanmoins vers le digital », assure t-elle conclure il ajoute : «il ne faut pas rater médias pour
avant d’ajouter que la situation diffère pour cette occasion du Covid-19 pour mettre à s’adapter au
les professionnels de l’agroalimentaire plat tout le système et redémarrer sur de nouveau
dont la communication était orientée vers bonnes bases si on veut intéresser les contexte»
les supports de la presse spécialisée ou annonceurs». Aissam Fathiya
encore féminine et «avec la crise actuelle
N°17 - JUIN-JUILLET 2020- 4 ANNÉE 27
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