Page 15 - consonews magazine Mars 2021
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PESTICIDES



        culture où on utilise le plus de pesticides au   tances non adéquates avec la nature de la
        Maroc avec 758 types classés selon leur niveau   culture. Toutefois, «Des prélèvements sont
        de toxicité !                        effectués régulièrement par exemple au niveau
                                             du marché de gros. En cas d’une anomalie, nous
        DOSAGE EXCESSIF                      nous trouvons face à un problème de traçabilité,
        En effet, la plupart des affaires de produits   dont la responsabilité incombe entièrement
        toxiques qui ont fait la polémique au Maroc   aux communes. Dans ce cas, difficile de repérer
        comme ailleurs sont souvent liées à la détection   la source de l’anomalie, comme c’était le cas
        de résidus. C’est-à-dire, ces produits contiennent   pour la menthe il y a quelques temps. L’ONSSA
        des teneurs en pesticides supérieures à la «limite   a donc été obligé d’effectuer des plans de
        maximale de résidus» (LMR), la valeur seuil   contrôle au niveau des champs et a interdit
        de toxicité fixée par les autorités de santé. «   l’entrée de ce produit sur le marché des légumes
        L’utilisation des pesticides et autres traitements   et fruits à Casablanca et dans d’autres régions»,
        phytosanitaires ou fongiques est souvent anar-  rassure le représentant de l’ONSSA.
        chique et sans respect de dosage, à défaut   Sur le terrain, les études sont rares. Quelques
        d’encadrement et de sensibilisation. Personne   enquêtes effectuées par des chercheurs dans   “
        n’est aujourd’hui à l’abri de ces dangers cachés   certaines régions permettent de cerner tant  Les substances
        dans nos assiettes », alerte Bouazza Kherrati,   bien que mal la problématique. Ainsi en est-il  chimiques addi-
        Président de la FMDC. Avant d’ajouter «les   des conclusions d’un travail élaboré par quatre  tionnées les unes
        produits exportés sont soumis à un contrôle   chercheurs de l’université Mohammed I  aux autres
        strict, et malgré cela il y a quelques fuites comme   d’Oujda et de l’office municipal de santé  pourraient
        le cas des poivrons exportés vers l’Allemagne.   publique de Berkane et publiée dans la revue  engendrer des
        Au niveau du marché local, les moyens ont   Environmental Analysis Health and Toxicology  effets néfastes sur
        insuffisants pour contrôler les produits alimen-  du mois de février 2021 et elles sont pour le  la santé
        taires. Il n’y a qu’un seul laboratoire qui a le   moins alarmantes.     Naima Rhalem, chef
        droit de procéder à des analyses des pesticides,   Abdelhafid Chafi, l’un des auteurs de l’étude  de département de
        LOARC à Casablanca. C’est aberrant ! Dans   (aujourd’hui directeur général de l’EST  toxicovigilance au
        les champs, le registre des pesticides n’est pas   d’Oujda) note que la majorité des agriculteurs  sein du centre
        généralisé et on note un manque de traçabilité».   de maraîchages notamment les producteurs de  Anti-poison et de
        L’ONSSA, qui assure l’homologation des pes-  la pomme de terre, de la betterave et de tomates  Pharmacovigilance
        ticides ainsi que le contrôle sur le terrain de la   (cerises) ne respectent pas les doses recom-
        distribution et la vente de ces produits, note par   mandées et indiquées sur les bouteilles. « Cela
        la voix de l’un de ses responsables, que « tous   revient à l’idée préconçue des agriculteurs que
        les  produits agro-alimentaires que nous   l’augmentation de la dose augmente l’efficacité
        consommons contiennent  des pesticides qui   du traitement. Néanmoins, peu d’agriculteurs,
        ne présentent aucun danger cancérogène ou   particulièrement les agrumiculteurs respectent
        autre sur la santé humaine. Une source bien   les doses prescrites et recommandées. Ceci
        informée ajoute qu’il ya eu beaucoup de désin-  résulte du niveau d’instruction et de formation
        formation sur le sujet, mais ne nie pas qu’il y a   des techniciens employés d’une part et la néces-
        des failles au niveau du marché de gros où il y   sité de respecter les limites maximales de rési-
        a un problème flagrant de traçabilité, et au   dus sur agrumes destinés à l’exportation d’autre
        niveau de quelques petites exploitations appar-  part », note t-il. Risques ? Naima Rhalem, chef
        tenant à des petits agriculteurs qui ne respectent   de département de toxicovigilance au sein du
        pas le dosage prescrit ou recours à des subs-  centre Anti-poison et de Pharmacovigilance

        N°21 - MARS 2020- 5  ANNÉE                                                            15
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