Alors que la commission d’enquête parlementaire envisage un « couvre-feu numérique » et une interdiction de TikTok pour les moins de 15 ans, les collégiens et lycéens marseillais témoignent de leur rapport à l’application et de ses effets sur leur quotidien.
Abdel, Ilyès et Akram, âgés de 10 à 14 ans, viennent de sortir du collège des Chartreux, téléphone en main. Pour eux, l’idée de ne plus pouvoir scroller entre 22 heures et 8 heures semble presque irréaliste. « Moi je ne peux pas… c’est impossible », confient-ils. Entre contenus humoristiques, vidéos sportives et influenceurs, leurs feeds restent actifs « jusqu’à une heure du matin parfois, avant de dormir ».
Pour autant, ces jeunes reconnaissent que TikTok peut proposer des contenus inadaptés. « On peut tomber sur du porno ou du gore », précise Rayan, lycéen à Saint-Charles.
Un impact réel sur la santé mentale
Passer trop de temps sur l’application peut peser sur le moral. Djamila, 14 ans, avoue qu’elle regarde surtout des vidéos « tristes » et se sent parfois impuissante face à leur effet. Les comportements des ados peuvent également être influencés : « Un influenceur proposait des formations payantes, et certains ont volé de l’argent à leurs parents pour y accéder », se souvient Ilyas, 14 ans.
Des usages majoritairement raisonnés
Malgré ces risques, beaucoup d’adolescents se montrent prudents. Rayan s’impose de poser son téléphone entre 21 et 22 heures, tandis qu’Ilyas s’arrête à 23 heures. Aucun des deux n’est strictement contrôlé par ses parents, mais ils ont appris à gérer leur consommation.
La vigilance ne se limite pas aux horaires. Les ados sont attentifs au contenu qu’ils consomment : « Il y a beaucoup de fake news, donc je ne prends pas TikTok comme source d’information », explique Lili, 14 ans. Sonia ajoute : « 15 ans, c’est peut-être trop vieux pour interdire. Moi, je sais contrôler ce que je regarde : on peut swiper, bloquer ou dire que ça ne nous intéresse pas. »
Pour certains, TikTok reste aussi un outil éducatif. Les groupes d’amies utilisent l’application pour suivre des cours en ligne avec des profs de maths et de français, prouvant que le réseau social peut avoir une valeur pratique lorsqu’il est utilisé de manière raisonnée.
Source: laprovence.com