Afin de maintenir son déficit budgétaire à 3 % du PIB en 2026, le gouvernement marocain mise davantage sur les taxes à la consommation, en particulier celles frappant le tabac et les boissons alcoolisées. Le projet de loi de finances (PLF) 2026 table sur plus de 21,1 milliards de dirhams de recettes issues de ces produits, soit une hausse de près de 30 % en un an. Une orientation budgétaire qui risque toutefois d’alourdir la facture des consommateurs, déjà confrontés à la hausse du coût de la vie.
Selon le PLF 2026, les droits d’accise sur le tabac et l’alcool atteindraient 21,168 milliards de dirhams, contre 16,4 milliards à fin 2025. Le seul tabac manufacturé représenterait 17,7 milliards, soit 4 milliards de plus que l’année précédente. Les recettes attendues des vins et spiritueux passeraient à 1,49 milliard de dirhams, contre 1,19 milliard un an plus tôt, et celles de la bière à 1,96 milliard, contre 1,55 milliard.
Cette hausse traduit un resserrement fiscal ciblé sur les produits de large consommation, perçus comme des sources de revenus « sûrs » pour le Trésor. Mais dans les faits, cette stratégie revient à faire peser une part accrue de l’effort budgétaire sur les ménages, en particulier les classes moyennes et populaires. Car si les cigarettes et les boissons alcoolisées sont fortement taxées, leur consommation reste élevée, notamment dans les zones urbaines.
Le gouvernement justifie cette orientation par la nécessité de stabiliser les recettes courantes, alors que les revenus exceptionnels du secteur phosphatier reculent. Les bénéfices attendus de l’Office chérifien des phosphates (OCP) ne dépasseraient pas 7 milliards de dirhams en 2026, contre des montants nettement supérieurs les années précédentes.
Ainsi, le PLF 2026 repose sur 432,8 milliards de dirhams de ressources ordinaires, pour 488,2 milliards de dépenses totales, dont 366,5 milliards proviendraient des recettes fiscales (20,1 % du PIB). Les taxes à la consommation — perçues sur le tabac, l’alcool, les carburants ou les produits importés — deviennent un pilier central de la consolidation budgétaire.
En privilégiant les impôts indirects, plus faciles à collecter, le gouvernement cherche à éviter un recours accru à l’endettement. Mais cette politique s’inscrit dans une période où la croissance reste modérée (3,5 %) et l’inflation toujours sensible sur les produits alimentaires et énergétiques.
L’alourdissement des taxes sur le tabac et l’alcool pourrait ainsi renforcer la pression fiscale sur les consommateurs, sans garantie de rendement durable pour l’État. Plusieurs économistes soulignent par ailleurs le risque de développement du marché informel, notamment dans la vente de cigarettes de contrebande, déjà en progression ces dernières années.
