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DOSSIER
dans le pays, une reprise de la demande domestique
et une hausse de la production d’hydrocarbures, avec UN CHÔMAGE DE MASSE
pour principaux leviers de croissance la consomma-
tion privée, l’investissement et les exportations. Selon un rapport publié par la Chambre
algérienne de commerce et d’industrie
UN MODÈLE ÉCONOMIQUE (CACI) en ce début du mois d’avril, 200.000
DÉFAILLANT travailleurs manquent de ressources et
La dépendance vis-à-vis des recettes des hydrocar- environ 180.000 autres souffrent de retards
bures a coûté cher à l’Algérie. La crise du coronavi- dans la perception de leurs salaires. La CACI
rus a provoqué une chute vertigineuse des cours du ajoute que 64% des entreprises algériennes
baril à l’échelle internationale. La moyenne des cours ont licencié leurs employés au milieu de la
de pétrole a baissé à 42 dollars le baril en 2020, pandémie. «Aujourd’hui, seulement 40% de
contre 64 dollars durant l’année précédente, soit la population en âge de travailler occupe un
une perte de près de 23 dollars par baril (- 35 %). emploi. Le taux d’activité des femmes reste
Résultat : les recettes fiscales liées à la vente des très bas. Et plus de 50% des jeunes fraiche-
produits pétroliers représentent un manque à gagner ment diplômés ont du mal à trouver un
de 31 % par rapport à 2019. Alors qu’en 2014, le pays emploi », éclaire un professeur universitaire.
comptait 200 milliards de dollars de réserves de « La situation est critique. Elle est devenue
devises, aujourd’hui la chute est vertigineuse avec à beaucoup plus compliquée qu’elle ne l’était
peine 30 milliards de dollars. Face à cette situation en 2014 », confirme de son côté notre
le gouvernement était contraint de limiter les impor- analyste Jadri. Et le FMI d’ajouter une
tations. Les conséquences sont désastreuses : pertes couche : le chômage a atteint 14,1% de la
d’emplois, incidences graves sur la disponibilité des population en 2020, contre 12% en 2019. De
produits sur le marché, fermeture des commerces… son côté, la Coface parle même d’une
«L’un des handicaps majeurs du modèle économique hausse de 16,5% durant la même période.
algérien est qu’aucun secteur ou activité économique La Banque mondiale note que le chômage
n’a été capable de limiter les dégâts et prendre le est le plus élevé parmi les jeunes, les
relais de la rente pétrolière en cette période de crise femmes et les diplômés en raison de
sanitaire. La situation perdure d’ailleurs depuis des l’inadéquation des compétences sur le
décennies », affirme Jadri. En effet, «le modèle éco- marché du travail. Le secteur privé, censé
nomique est basée sur le système de l’ex-URSS. Au être la locomotive de l’emploi est en panne,
lendemain de l’indépendance en 1962, de grosses et le public est saturé et ne peut absorber le
structures étatiques ont vu le jour dans le secteur nombre de diplômés chômeurs sur le
de l’industrie. Quand le pays a opté pour la libérali- marché. Tout est dit…
sation de son économie presque 20 ans après, ces
unités industrielles ont eu du mal à répondre aux
besoins des consommateurs algériens. Le privé, lui l’Algérie vers des pays africains, c’est une structure
n’arrive pas à décoller et ne pourra émerger que dans étatique qui prend en charge les frais liés à la logis-
20 voire même 30 ans, à condition que l’Etat soit tique pour acheminer le produit, et non pas l’opéra-
consciente de l’enjeu et encourage son développe- teur. Et malgré cela, les produits algériens souffrent
ment », décrit l’analyste économique qui cite d’un problème de compétitivité à l’échelle interna-
l’exemple de la présence étatique dans le domaine tionale » !
logistique. «Imaginez que contrairement à la majo-
rité des pays, en cas d’exportation de produits de
14 N°22 - AVRIL 2021- 5 ANNÉE
ÈME