Page 19 - consonews magazine AVRIL 2021

ALGÉRIE

est rentré dans l’ordre et le ministre du commerce On ne peut pas toutefois pas nier la
a appelé les opérateurs à alimenter le marché de dégradation tendancielle du pouvoir
manière continue et travailler 3X8 pour faire face d’achat de l’Algérien moyen. Pourquoi une
à la demande grandissante sur le produit lors de telle situation à votre avis ?
cette période. En tant qu’association du consom- Vu que les salaires n’ont pas été augmentés depuis
mateur, cette rareté de l’huile de table est la bien- des années, le pouvoir d’achat a dégringolé avec le
venue dans la mesure où c’est un produit néfaste temps. Cela d’autant plus que les prix des produits
pour la santé. Et donc nous avons profité de cet de large consommation ont sensiblement augmenté
incident pour sensibiliser autour des bienfaits de en particulier lors de la crise sanitaire suite au ren-
l’huile d’olive afin d’encourager sa production et sa chérissement des cours à l’international, la déva-
consommation. luation du dinar algérien, la hausse des tarifs de
transport maritime, etc. On observe ainsi une flam-
L’huile de table n’est cependant pas le seul bée des prix des produits allant de 5 à 10% sur le
produit à faire l’objet d’une pénurie marché. Et cela impacte le pourvoir d’achat surtout
potentielle. Il y a le lait également. Qu’en de la classe démunie et celle moyenne qui étaient
est-il réellement ? déjà en souffrance avant le covid-19. La pandémie
Le lait fait partie des produits subventionnés par a aggravé encore la situation et aujourd’hui beaucoup
l’Etat à côté de la farine, les carburants, le gaz, l’élec- se retrouvent sans emploi ni ressources. Il y a donc
tricité et le logement. Les algériens consomment une vraie souffrance sociale. Et il faut savoir aussi
beaucoup de produits laitiers et donc ils les achètent que les algériens ne sont pas dans cet esprit de recou-
en grande quantité et les stockent. Ensuite il y a rir à l’endettement auprès des banques pour consom-
toujours cette politique de subvention qui ouvre la mer. Ils ne s’endettent que pour acheter un logement
voie à des pratiques frauduleuses de la part de cer- ou un véhicule. Mais pas pour la consommation
tains producteurs et commerçants, comme le détour- domestique.
nement…, nuisibles à la fois au citoyen et à l’écono-
mie algérienne. Même pas pour acheter des biens
d’équipements ?
Peut-on donc parler de défaillance du Plus maintenant. C’était le cas, il y a presque une
système de distribution en Algérie ou quinzaine d’années. Mais les banques ont fermé les
plutôt de production ? robinets en raison des problèmes d’impayés.
En l’absence d’un réseau professionnel, le marché Aujourd’hui, pour acheter un bien d ‘équipement,
est dominé par l’informel et les intermédiaires. Tant les consommateurs peuvent recourir à l’entraide
qu’il n’y aura pas de plateformes stratégiques des- familiale ou optent pour les facilités de paiement
tinées à la régulation des produits de large consom- mises en place par les commerçants.
mation, nous continuerons à subir ces phénomènes
de perturbations au niveau de la distribution et de
non-maîtrise des prix Malheureusement, l’inter-
médiation entraine une hausse des prix et n’assure
pas de sécurité sanitaire pour les aliments. De nom-
breux projets sont en cours de réalisation pour
assainir le marché, mais pour le moment ils sont en
arrêt provisoire à cause de la crise sanitaire ce qui
laisse le champ libre à l’informel.

N°22 - AVRIL 2021- 5 ANNÉE 19
ÈME