Page 21 - consonews magazine AVRIL 2021
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ALGÉRIE



        responsables gouvernementaux pointaient du  nable de certains, sert alors les intérêts de certains
        doigt le consommateur algérien l’appelant à adop-  commerçants malintentionnés qui cherchent à
        ter un comportement de consommation plus  s’enrichir sur le dos des consommateurs, comme
        raisonnable.                          dans beaucoup de pays », note t-il en ajoutant :
                                              «tant qu’il n’y aura pas de plateformes destinées
        ABSENCE DE RÉGULATION                 à la régulation des produits de large consomma-
        «Le pays dépend de la rente pétrolière. Et dans  tion, nous continuerons à subir ces phénomènes
        un contexte de crise sanitaire, le prix de l’or noir  de perturbations et de non-maîtrise des prix ».
        a chuté et se situe dans des niveaux faibles à  Signalons que les prix en Algérie sont majoritai-
        moyens. La baisse des réserves en devises a poussé  rement administrés. L’on se demande quelle
        le gouvernement à limiter les importations, ce  régulation supplémentaire faudrait-il ajouter !
        qui a eu des incidences graves sur la disponibilité  Les perturbations sont liées aussi à l’informel.
        des produits notamment alimentaires », explique  Dans les colonnes du journal El Watan, le pro-
        un économiste. Analyse que Menouar qui évoque  fesseur d’économie algérien, Brahim Guendouzi
        plutôt une problématique de régulation face à la  explique que les circuits de distribution dans
        spéculation. «Dans l’absence d’une politique  l’agroalimentaire attirent une multitude d’inter-
        judicieuse de régulation, les spéculateurs profitent  médiaires occasionnels, encouragés par l’embal-
        donc de la situation. Et dans des périodes de pic  lement de la demande sur les denrées alimentaires
        de consommation comme le Ramadan, c’est la  à l’occasion des fêtes religieuses et ramadan leur
        ruée vers les commerces pour acquérir de grandes  permettant d’engranger des gains considérables
        quantités de produits suite à de supposés prévi-  au détriment des consommateurs.
        sions de pénurie. Ce comportement déraison-



          CHÈRES SUBVENTIONS !

          En Algérie, plusieurs produits alimentaires sont subventionnés. Ainsi en es-il du lait. Pour d’autres denrées
          les prix sont plafonnés tels que les sucre et l’huile de table. Or, le système de subvention pose de sérieux pro-
          blèmes. Selon les experts, non seulement cette politique empêche le jeu de la concurrence mais ouvre la voie à
          des pratiques anti-marchés voire illégales comme la contrebande ou le détournement des marchandises. L’impact
          sur les prix et la qualité est connu et c’est le consommateur final qui en fait les frais.
          Dans une déclaration au journal Tout Sur l’Algérie, le président de l’association de protection et orientation de
          consommateur (apoce) Mustapha Zebdi estime que «les produits subventionnés font la richesse des lobbies ».
          Même son de cloche du côté de Hassan Menouar de l’association El Aman.  Ce dernier informe que le système de
          subventions coûte près de 15 milliards de dollars par an à l’Etat. «Si seulement cette enveloppe est orientée pour
          soulager les consommateurs. Elle est à l’origine malheureusement de certaines pratiques frauduleuses constatées
          sur le marché », regrette t-il. Il suggère ainsi de revoir cette politique et d’orienter ces subventions directement vers
          les familles démunies. «Ce mécanisme nous permettra de gagner quelques 10 milliards de dollars puisque le
          système nous coûtera uniquement 5 millions de dollars », assure t-il. L’économiste Mohamed Jadri a une autre
          vision. Pour lui, «au lieu de vendre un produit qui coûte 10 DH à 5 DH par exemple, l’Etat peut former le citoyen et
          lui assurer un emploi et donc un salaire qui lui permettra d’acheter le même produit à 10 DH et en même temps
          acheter d’autres. Donc d’une pierre plusieurs coups : réduire le taux de chômage, améliorer le pouvoir d’achat,
          booster la demande et encourager la consommation », résume t-il.


        N°22 - AVRIL 2021- 5  ANNÉE                                                           21
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