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ALGÉRIE
responsables gouvernementaux pointaient du nable de certains, sert alors les intérêts de certains
doigt le consommateur algérien l’appelant à adop- commerçants malintentionnés qui cherchent à
ter un comportement de consommation plus s’enrichir sur le dos des consommateurs, comme
raisonnable. dans beaucoup de pays », note t-il en ajoutant :
«tant qu’il n’y aura pas de plateformes destinées
ABSENCE DE RÉGULATION à la régulation des produits de large consomma-
«Le pays dépend de la rente pétrolière. Et dans tion, nous continuerons à subir ces phénomènes
un contexte de crise sanitaire, le prix de l’or noir de perturbations et de non-maîtrise des prix ».
a chuté et se situe dans des niveaux faibles à Signalons que les prix en Algérie sont majoritai-
moyens. La baisse des réserves en devises a poussé rement administrés. L’on se demande quelle
le gouvernement à limiter les importations, ce régulation supplémentaire faudrait-il ajouter !
qui a eu des incidences graves sur la disponibilité Les perturbations sont liées aussi à l’informel.
des produits notamment alimentaires », explique Dans les colonnes du journal El Watan, le pro-
un économiste. Analyse que Menouar qui évoque fesseur d’économie algérien, Brahim Guendouzi
plutôt une problématique de régulation face à la explique que les circuits de distribution dans
spéculation. «Dans l’absence d’une politique l’agroalimentaire attirent une multitude d’inter-
judicieuse de régulation, les spéculateurs profitent médiaires occasionnels, encouragés par l’embal-
donc de la situation. Et dans des périodes de pic lement de la demande sur les denrées alimentaires
de consommation comme le Ramadan, c’est la à l’occasion des fêtes religieuses et ramadan leur
ruée vers les commerces pour acquérir de grandes permettant d’engranger des gains considérables
quantités de produits suite à de supposés prévi- au détriment des consommateurs.
sions de pénurie. Ce comportement déraison-
CHÈRES SUBVENTIONS !
En Algérie, plusieurs produits alimentaires sont subventionnés. Ainsi en es-il du lait. Pour d’autres denrées
les prix sont plafonnés tels que les sucre et l’huile de table. Or, le système de subvention pose de sérieux pro-
blèmes. Selon les experts, non seulement cette politique empêche le jeu de la concurrence mais ouvre la voie à
des pratiques anti-marchés voire illégales comme la contrebande ou le détournement des marchandises. L’impact
sur les prix et la qualité est connu et c’est le consommateur final qui en fait les frais.
Dans une déclaration au journal Tout Sur l’Algérie, le président de l’association de protection et orientation de
consommateur (apoce) Mustapha Zebdi estime que «les produits subventionnés font la richesse des lobbies ».
Même son de cloche du côté de Hassan Menouar de l’association El Aman. Ce dernier informe que le système de
subventions coûte près de 15 milliards de dollars par an à l’Etat. «Si seulement cette enveloppe est orientée pour
soulager les consommateurs. Elle est à l’origine malheureusement de certaines pratiques frauduleuses constatées
sur le marché », regrette t-il. Il suggère ainsi de revoir cette politique et d’orienter ces subventions directement vers
les familles démunies. «Ce mécanisme nous permettra de gagner quelques 10 milliards de dollars puisque le
système nous coûtera uniquement 5 millions de dollars », assure t-il. L’économiste Mohamed Jadri a une autre
vision. Pour lui, «au lieu de vendre un produit qui coûte 10 DH à 5 DH par exemple, l’Etat peut former le citoyen et
lui assurer un emploi et donc un salaire qui lui permettra d’acheter le même produit à 10 DH et en même temps
acheter d’autres. Donc d’une pierre plusieurs coups : réduire le taux de chômage, améliorer le pouvoir d’achat,
booster la demande et encourager la consommation », résume t-il.
N°22 - AVRIL 2021- 5 ANNÉE 21
ÈME