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ALGÉRIE
LA MONNAIE ALGÉRIENNE S’ÉCROULE !
A La valeur de la monnaie algérienne connaît une baisse significative et sans précédent, ces derniers mois
face aux devises étrangères notamment le dollar américain et l’euro. Ce qui n’est pas sans impact sur le
pouvoir d’achat des algériens. En effet, depuis près de deux mois, le marché des devises, officiel et parallèle,
atteint des records. Par exemple, un euro s’échange, fin décembre, à près de 220 dinars sur le marché
parallèle voire même 240 DA en ce début 2021 alors que la banque d’Algérie, le fixe à 161 dinars. Cette
décroissance de la monnaie est due d’abord au ralentissement de l’économie du pays qui dépend de la rente
pétrolière. Ensuite, c’est l’effet d’une stratégie volontariste de dévaluation. En effet, «il y a deux ans, et pour
éviter de recourir à l’endettement, que ce soit auprès du FMI ou auprès d’autres institutions financières, le
président algérien a décidé de recourir à la planche à billets. Un choix qui n’a été accompagné ni de la
diversification de l’économie, ni de réformes structurelles », notre l’économiste Jadri pour qui une telle
politique est à l’origine d’effets néfastes à la fois sur le secteur économie et celui social. «Ces dévaluations
sont faites généralement pour attirer les investisseurs et diversifier les exportations. Or, dans le cas de
l’Algérie elle repose uniquement sur la volonté de doper les recettes fiscales pétrolières par effet de change »,
complète un autre économiste.
EROSION DES RÉSERVES DE CHANGE
Alors que les réserves de devises avoisinaient les 200
milliards de dollars en 2014, aujourd’hui elles se situent à
peine à 30 milliards. La loi de finances 2021, récemment
ratifiée, prévoit une baisse des réserves de change à moins
de 47 milliards de dollars, avant une reprise progressive les
deux années suivantes. Or, Selon la banque centrale de
l’Algérie, entre 2014 et 2019, ces réserves ont fondu de près
de 65 % et ce chiffre devrait atteindre près de 75 % en 2021. «
L’Algérie a commis une erreur fatale. Dans les années
glorieuses, où elle engrangeait des gains conséquents avec
un cour de baril en hausse, elle a choisit de rembourser sa
dette auprès du FMI grâce aux réserves de change sans
parler des milliards débloqués pour bénéficier du soutien de
certains pays africains dans l’affaire du Sahara marocain. Elle
aurait dû les investir dans le secteur privé, dans les services,
l’agriculture, l’artisanat… pour avoir une forte économie »,
analyse Mohamed Jadri. Aujourd’hui, dans le but d’économi-
ser les devises, dans un contexte de crise, le pays a choisi de
limiter les importations, mais cela n’a pas été suffisant pour
compenser le déficit.
N°22 - AVRIL 2021- 5 ANNÉE 25
ÈME