Page 29 - consonews magazine Mars 2021
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PESTICIDES





        Un autre exemple frappant est celui des fruits   Est-ce que le circuit de la Grande
        et légumes vendus dans des camionnettes qui   Distribution est plus safe, notamment
        sillonnent les ruelles des villes. Cette mar-  pour la consommation des fruits et
        chandise vient des champs directement vers   légumes ?
        le consommateur sans passer par la case     Je pense que le problème est le même. La
        contrôle. Par conséquent, je pense qu’il y a   grande distribution se procure ses produits
        problème de contrôle et vérification au niveau  chez les grossistes et au niveau du marché du
        des produits consommés entre le détaillant et   gros. On ne peut pas savoir si ces produits sont
        le consommateur.                            contrôlés, d’autant plus qu’il y a des fuites au
                                                    niveau du marché du gros lui-même.
                                                    Il y a manifestement risque partout ! Comment
        Vous semblez pointer du doigt la            alors mieux protéger le consommateur ?
        sécurité sanitaire au Maroc. Peut-on la     Deux mots d’ordre : contrôle et vigilance. Le
        qualifier de défaillante ?                  contrôle des pouvoirs publics, des autorités
        En effet, il y un grand déficit au niveau de la   de contrôle et toutes les parties prenantes.
        sécurité sanitaire au Maroc, malgré le travail   C’est de la santé des consommateurs dont il
        considérable fourni par l’ONSSA. D’ailleurs,   est question. Le contrôle doit donc être rigou-
        des rapports ont été émis dans ce sens par le   reux et permanent pour garantir la sécurité
        CESE et la Cour des Comptes. Et les conclu-  de tous. La vigilance reste aussi de mise. Per-
        sions sont très alarmantes. Il y a danger surtout   sonne n’est aujourd’hui à l’abri de ces dangers
        lorsque le consommateur consomme ces pro-   cachés dans nos assiettes.
        duits avec résidus sans cuisson. Tous les agri-
        culteurs utilisent aujourd’hui les pesticides,
        sauf certains qui se lancent dans le bio. Mais,   Mais quelle responsabilité incombe au
        le bio n’est pas accessible pour tous les consom-  consommateur ? Est-il sensibilisé du
        mateurs marocains. Ensuite, il y a un problème   risque encouru ? Que faites vous en
        flagrant au niveau de l’utilisation des pesticides   tant que fédération dans ce sens ?
        dont certains sont interdits dans d’autres pays.  On travaille actuellement sur le volet de sen-
        On ne comprend pas pourquoi les normes      sibilisation. Il faut adopter les bons réflexes :
        européennes diffèrent de celles marocaines.   consommer des légumes plus robustes donc
        Au-delà des pesticides, certains produits  moins traités, éplucher les fruits, plonger les
        peuvent aussi contenir des substances toxiques   deux dans un mélange d’eau et de bicarbonate
        comme le cas du pain. Les restes du pain mis   de soude ou du vinaigre… En les lavant cor-
        dans un sachet moisissent.                  rectement, il est possible de débarrasser ces
        Ensuite ce pain est collecté et vendu à des  produits d’une partie des pesticides présents.
        grossistes qui le revendent  à des éleveurs de   Les résidus ont un temps de rémanence. Il faut
        bétail. Ces derniers le donnent essentiellement   donc laisser les produits et ne pas les consom-
        pour les vaches afin d’obtenir du lait. Le pain   mer le jour même pour moins de risques.
        moisi est un poison. Le lait de la vache
        consommé cru contient alors des substances
        toxiques comme prouvé par des beaucoup
        d’études. Et c’est un véritable risque pour la
        santé des consommateurs.

        N°21 - MARS 2020- 5  ANNÉE                                                            29
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