Page 34 - consonews magazine Mars 2021
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DOSSIER
i l’utilisation de pesticides est voulue
comme un moyen d’améliorer la pro- EMERGENCE DU LABEL
S duction en quantité comme en qualité, « ZÉRO RÉSIDU DE PESTICIDES »
éliminant parasites et herbes indésirables, elle Pour combattre les pesticides nocifs sur le terrain
n’est sans risques sur la santé du producteur, même de la demande des consommateurs, une
du consommateur et de l’environnement », filière alternative est en train de s’organiser en
affirme Bouazza Kherrati. Et d’ajouter, «nous développant des labels « sans pesticides ».
ne sommes pas contre les importateurs et pro- Au Maroc, on peut citer l’expérience du groupe
ducteurs de pesticides, mais nous sommes pour franco-marocain Azura qui a proposé à ses
la préservation de la sécurité et la santé de nos consommateurs, depuis 2019, une tomate cerise
concitoyens ». Kharrati n’est pas le seul. Naima allongée « zéro résidu de pesticides ». Dans
Rhalem, chef de département de toxicovigi- d’autres pays, l’expérience est beaucoup plus en
lance, en appelle même à l’action collective et avance. C’est le cas de la France par exemple qui
concertée pour aller vers l’élimination progres- connaît aujourd’hui l’existence du label « zéro
sive des pesticides hautement dangereux et la résidu de pesticides » lancé en 2018 par le collectif
promotion de la culture biologique. “Nouveaux Champs”, formé de 46 organisations de
Aujourd’hui, de l’avis de tous les professionnels producteurs et entreprises du centre et du sud de
du secteur, l’activité agricole marocaine reste la France. Il intègre désormais plusieurs denrées «
en effet dépendante de l’utilisation des pesti- sans pesticides » : les tomates, le concombre, le
cides. Pour limiter les risques, l’agriculture bio brocoli, le potimarron, etc. Pour obtenir un tel
a été Instaurée en 2011 par le ministère de label, un producteur de fruits et/ou de légumes
l’Agriculture dans le cadre du plan Maroc Vert doit suivre un cahier des charges très strict : bannir
et avait pour objectif d’atteindre 40.000 hec- l’usage de substances particulièrement controver-
tares de cultures biologiques en 2020, selon sées, réduire au maximum l’épandage de produits
les standards européens et marocains. Un phytosanitaires, en privilégiant le désherbage
contrat programme a été signé avec les opéra- mécanique, par exemple. Et, avant la mise en
teurs du secteur. A terme, seulement 9.850 vente, les marchandises sont contrôlées par un
hectares sont aptes à la production de cultures laboratoire indépendant : il faut un maximum de
bio. 80% de la production est localisée dans 0,01 milligramme de pesticides par kilogramme de
cinq grandes régions à savoir Casablanca, fruits et légumes.
Rabat, Marrakech, Agadir et Guelmim. D’après
un rapport publié en mai 2020 par l’association
marocaine santé, environnement et toxicovi- dans le monde et le Maroc n’est pas en reste.
gilance, plusieurs associations militent pour Certains signes d’intérêt apportés à ce genre
l’instauration d’une culture bio par la mise en de marchandises commencent à se faire sentir
place d’une commission nationale du Bio, chez certains consommateurs. Mais, contrai-
l’organisation de séances de formation au pro- rement à une idée reçue, l’agriculture biolo-
fit des agriculteurs marocains et par la mise en gique peut, elle aussi, recourir aux pesticides
place de fermes pilotes du bio. En France par sauf que les substances doivent être d’origine
exemple, 20 fermes bio se créent chaque jour naturelle (cuivre, soufre…), qui se dégradent
et 8 consommateurs sur 10 consomment le bio plus vite que les pesticides chimiques, partent
de manière occasionnelle. Le bio est rentré avec la pluie ou le soleil…
dans les habitudes de consommation partout
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ÈME