Page 24 - consonews magazine Mars 2021
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DOSSIER
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sans précautions, ignorant les risques qu’ils peuvent l’importation et la commercialisation des pesticides
engendrer. de manière générale et renforcer la sécurité ali-
mentaire, l’Etat a décidé d‘agir. Ainsi, en janvier
VENTE ILLICITE ET CONTREBANDE 2020, le Conseil de gouvernement a adopté le pro-
Sur la base de l’analyse des données recueillies, le jet de loi 35-19 relatif aux pesticides agricoles. A
Centre Anti Poison du Maroc (CAPM) révèle dans son entrée en vigueur, cette nouvelle loi va abroger
sa revue « toxicologie Maroc » publiée fin 2018, et remplacer la loi 42-95, relative au contrôle et à
l’existence d’une vente illicite de produits très dan- l’organisation du commerce des produits pesticides
gereux sur le marché marocain. Le constat est à usage agricole, actuellement en vigueur.
confirmé par le chercheur Abdelhadi Chafi. Selon Dans le détail, ce projet de loi est constitué de 84
lui, la région orientale par exemple est inondée de articles répartis en 5 titres et 10 chapitres. Il a pour
pesticides impropres et non conformes aux normes objectifs: d’abord le renforcement des capacités des
de qualité et qui sont interdits au niveau national autorités compétentes pour l’évaluation des risques
provenant de la contrebande. « Ceci montre que et le contrôle des produits phytopharmaceutiques
les circuits officiels de la distribution des pesticides dans la perspective de réduire l’utilisation des plus
ne sont pas bien maîtrisés, d’où la prolifération du dangereux d’entre eux, d’encourager l’usage des
secteur informel dans ce domaine sans parler de produits à faible risque et de promouvoir les moyens
produits périmés qui sont quand même utilisés », de lutte alternatifs, autre que les produis chimiques.
appuie t-il. Ensuite, le projet vise l’organisation et le contrôle
Dans son rapport publié en mai 2020 sur les pes- du commerce de ces produits afin de réduire les
ticides hautement dangereux (HHPs) au Maroc, dangers liés à leur détention, leur distribution, leur
l’association marocaine santé, environnement et vente et leur utilisation, en veillant à ce que seuls
toxicovigilance souligne que les distributeurs gros- les produits phytopharmaceutiques bénéficiant
sistes et revendeurs détaillants sont concentrés d’une autorisation de mise sur le marché soient
dans certaines zones, notamment les zones irriguées commercialisés et que les activités liées à ce com-
ou les zones favorables à l’agriculture. Les zones merce soient assurées exclusivement par des per-
semi-arides ou montagneuses sont peu servies par sonnes qualifiées titulaires d’un agrément délivré
les distributeurs grossistes et revendeurs, ce qui à cet effet. Un recensement exhaustif de tous les
peut favoriser la disponibilité de produits de contre- revendeurs des pesticides au niveau national a été
façon. En effet, « la contrebande et la contrefaçon réalisé et une liste des revendeurs répondant aux
sont estimées entre 10% et 15% du marché ce qui exigences liées à la qualification du personnel et au
représente un danger pour l’économie nationale, local de stockage ou de vente est aujourd’hui acces-
pour la santé des utilisateurs et pour l’environne- sible sur le site de l’ONSSA.
ment », note le rapport qui ajoute que l’ONSSA,
qui assure l’homologation des pesticides ainsi que
le contrôle sur le terrain de la distribution et la vente “
de ces produits, souffre d’une insuffisance de per-
sonnel. Et donc, la majorité des distributeurs gros- «Tout le monde peut vendre des
sistes ne sont pas agréés par l’ONSSA et la majorité pesticides au Maroc, alors que c’est un
des revendeurs ne répondent pas aux critères impo- médicament qui traite les plantes à
sés par la loi en vigueur l’instar des médicaments pour les
humains et ceux des animaux… »
UNE NOUVELLE LOI DANS LE PIPE Bouazza Kherrati, président de la FMDC.
Pour faire face aux abus, verrouiller l’utilisation,
24 N°21 - MARS 2020- 5 ANNÉE
ÈME