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Réforme de la tarification des médicaments : les pharmaciens redoutent un séisme économique et sanitaire

La réforme de la tarification des médicaments, actuellement portée par le gouvernement marocain dans le cadre d’une refonte globale des politiques de santé, provoque une vive inquiétude dans les rangs des pharmaciens. Ces derniers alertent sur un risque majeur pour la viabilité économique des officines et, au-delà, pour l’accès aux soins et la sécurité pharmaceutique nationale.

Le projet de décret en discussion prévoit de revoir à la baisse le prix de nombreux médicaments. Si la mesure se veut bénéfique pour le pouvoir d’achat des patients et pour l’équilibre des régimes d’assurance maladie, les professionnels du secteur y voient une « réforme punitive ». Selon leurs estimations, l’application du texte tel qu’il est rédigé pourrait réduire le chiffre d’affaires des pharmacies de 25 à 30 %, dans un contexte où les charges de gestion et les obligations fiscales sont déjà en hausse constante.

Avec plus de 14.000 pharmaciens et 50.000 employés, le secteur craint une vague de fermetures qui fragiliserait gravement le maillage sanitaire, notamment dans les zones rurales et défavorisées. Les syndicats soulignent que la survie des caisses d’assurance maladie ne peut dépendre uniquement d’une baisse des prix des médicaments : la maîtrise des coûts des analyses, des hospitalisations, des traitements lourds et la régulation de la facturation sont autant de leviers à prendre en compte.

La profession plaide pour une réforme globale, visant l’ensemble des dysfonctionnements du système de santé, plutôt qu’une approche ciblée qui risque d’affaiblir un maillon essentiel de la chaîne. Les pharmaciens rappellent également leur rôle stratégique et les efforts consentis lors des grandes crises sanitaires, estimant que leurs contributions passées méritent d’être reconnues dans la conduite des réformes.

Le climat d’inquiétude est renforcé par un autre problème de taille : la pénurie persistante de médicaments, avec plus de 600 références actuellement introuvables. Un phénomène que les pharmaciens attribuent en partie aux baisses successives des prix, rendant certains produits non rentables à produire ou à distribuer.

Dans ce contexte, la profession appelle à l’ouverture rapide d’un dialogue avec les autorités afin de trouver un compromis. Faute de quoi, elle prévient que des actions de protestation plus soutenues pourraient voir le jour. Pour les pharmaciens, il ne s’agit pas seulement de défendre leur activité, mais de garantir à long terme l’accès des citoyens à un réseau pharmaceutique solide et fiable.

Avec Al Akhbar

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