Page 9 - Consonews 19 Septembre 2025
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GRAND ANGLE
CONSONEWS • VENDREDI 19 SEPTEMBRE 2025 9
Une facture de plus en plus salée
Cependant, le circuit d’importation de
la viande bovine, depuis son port de
départ jusqu’à l’assiette du consomma-
teur est complexe et très onéreux. Les
différentes autorisations et certifica-
tions préalables, les frais de transport
qui se comptent en dizaines de millions
de dirhams par bateau, l’assurance mar-
itime, le risque de mortalité de certains
bestiaux durant le transport, la mise
en place de la quarantaine dans des
lazarets agréées de taille suffisante et
répondant aux normes, la mise en con-
formité et l’équipement, les contrôles
vétérinaires, les camions réfrigérés de
transport sur le territoire national pour
les viandes fraiches et congelées et les
abats, le respect de la chaine du froid,
la viande bovine n’ont cessé d’augment- tion beaucoup plus agressive et son la certification Halal… L’importation est
er jusqu’à dépasser le cap des 100 DH le choix s’est porté sur le bovin brésilien et un casse-tête logistique dont chaque
kilogramme. Les années 2022-2023 ont plus précisément la race Nélore. étape a un coût, qui annule les baisses
marqué le début de la flambée des prix. Le choix du Brésil comme principal four- de prix escomptées et sera supporté
par le consommateur final en bout de
Des mesures d’urgence ont donc été nisseur a été motivé par de nombreux chaine. Il faut également noter que l’im-
prises par le ministère de l’Agriculture, facteurs. Tout d’abord; l’Espagne a une portation coutera de plus en plus cher
parmi lesquelles l’interdiction d’abatt- capacité d’exportation insuffisante alors car le marché international des vian-
age des femelles bovines destinées à que le Brésil est le premier exportateur des rouges est en train de flamber à
la reproduction et la suspension des mondial de bovins. La raison pour cela son tour et que la viande brésilienne
droits de douane et de la TVA à l’impor- est la qualité de sa race bovine, Nélore, suit cette tendance alarmante. L’Indice
tation des bêtes destinées à l’abattage. aussi appelée vache-Zébu. Cette im- des prix des produits alimentaires de
Par la suite, cette disposition a été éten- posante vache blanche offre une bonne l’Organisation des Nations Unies pour
due aux bêtes destinées à l’engraisse- qualité de viande, est très résistance l’alimentation et l’agriculture, qui me-
ment, ainsi qu’à la viande rouge fraiche, aux climats chauds comme froids, a la sure la variation mensuelle des cours
réfrigérée ou congelée et aux abats. capacité de s’adapter aux pâturages internationaux d’un panier de produits
Les mesures d’importation ont même pauvres et secs et à vivre avec alimentaires de base, a affiché au mois
été assouplies en mars 2025 pour que peu d’eau, ce qui la rend adaptée à la d’août 2025 un indice de 130.1, soit une
les bouchers puissent eux-mêmes im- vie dans la nature, notamment sous hausse de 0,6% par rapport au mois de
porter les viandes et les abats. A la fin les cieux du Royaume. Mais le principal juillet et de 4,9% de plus qu’une année
du premier semestre, le Maroc totalisait atout de cette vache d’origine indienne plus tôt, notant que c’est le niveau le
91.000 têtes de bovins importés et en est le fait qu’elle soit élevée au Brésil, plus élevé jamais enregistré et que cette
septembre de la même année, le quota ce qui rend son coût très compétitif. En hausse du prix du panier alimentaire est
d’importation de bovins domestiques, effet, le climat tropical brésilien, dont la due essentiellement à l’augmentation
initialement limité à 150.000 têtes a été température moyenne est de 30°C avec continue des prix des viandes rouges.
doublé pour atteindre les 300.000 pour une atmosphère humide et des pluies
la totalité de l’année 2025. fréquentes, permet au leader mondial L’organisation mondiale explique cela
par « les prix internationaux de la viande
de l’élevage d’entretenir de vastes pâtur- de bovins qui ont atteint un nouveau re-
Le bovin brésilien à la rescousse ages, sur de larges surfaces agricoles et cord, soutenus par une forte demande
donc un élevage extensif à faible coût des États-Unis, qui a fait grimper les prix
Après un timide démarrage d’importa- de revient tout en bénéficiant d’une
tion de bovins en 2023, de 17.500 tête main d’œuvre à bas coûts. Ainsi, malgré australiens, et par une forte demande à
venues d’Espagne (14.700) et du Brésil la grande distance de l’Amérique latine l’importation de la Chine, qui a maintenu
(2.800), le Maroc a donc opté de manière comparée aux fournisseurs européens, les prix à l’exportation brésiliens à un
franche pour une politique d’importa- le bovin brésilien est compétitif. niveau élevé malgré la baisse des ventes
aux États-Unis à la suite de l’imposition