Il y a 20 ans, en juillet 1999, le Maroc changeait de roi. Mais qui se doutait alors qu’il changerait également d’époque et de société ? On tablait plutôt sur un règne dans la continuité, sur le chemin tracé par feu Hassan II. Car il est certes pour le moins miraculeux de succéder à un roi aussi exceptionnel et se démarquer avec sa propre empreinte et son propre style. Ne peut relever ce défi qu’un autre grand roi. C’est ce que l’on peut appeler le miracle Mohammed VI.
En effet, aujourd’hui on peut l’affirmer sereinement puisqu’on le vit au quotidien depuis 20 ans : le roi Mohammed VI a fait entrer le pays dans une
nouvelle ère historique et son règne a transformé la société marocaine pour en faire une société moderne au sein de laquelle l’individu,
jadis écrasé par le dictat du collectif, a pu émerger pour que chacun puisse donner le mieux de lui-même et jouir des fruits de ses efforts.
C’est dans ce contexte que l’on a pu voir naître le consommateur marocain et, partant, la société de la consommation et des consommateurs.
On ne saurait dans ce court point de vue faire une synthèse intelligente de la manière dont cette transformation a été déployée. Il faudrait une
thèse pour cela et peut être aussi un peu plus de recul. Laissons ce travail aux Historiens. Mais l’on peut en revanche citer quelques éléments
dont la mise en oeuvre commune et parallèle a permis cette émergence.
Il s’agit d’abord de la vision comme déjà précisé. Celle-ci a été très tôt soutenue par le secteur bancaire qui a contribué de façon déterminante
à améliorer le pouvoir d’achat des Marocains et à leur permettre plus d’accès aux biens et services.
La fusion de deux grandes banques pour donner naissance à un champion continental de la taille d’Attijariwafa Bank a eu un effet de locomotive sur l’ensemble du secteur et de l’économie, notamment en satisfaisant une demande intérieure soif de pouvoir d’achat et de consommation.
Ensuite, il y a l’émergence de plusieurs Champions Nationaux. Citons les secteurs immobilier, automobile ou encore la grande distribution comme exemples.
Sans la montée en charge d’une société comme Addoha en matière de logement social et économique au début des années 2000,
l’amélioration du taux de propriété serait restée un voeu pieux. Idem pour l’arrivée de Dacia (Logan) et la construction de l’usine Renault à Tanger. Idem aussi pour l’émergence des chaînes Marjane, Label Vie ou encore des franchises ramenées au Maroc par le groupe Aksal, etc.
Lorsque le Marocain moyen part aujourd’hui à l’Etranger il n’a plus comme ses aînés le choc de la modernité.
Il retrouve un environnement de marques et d’enseignes qui lui est familier.
Pas besoin d’aller aux States pour manger un Mc Do ou boire un Starbucks (pour dire les choses d’une manière terre à terre)!
Y-t-il un revers de la médaille ? Oui ! L’émergence fulgurante de la société de la consommation a réduit celle-ci à une sorte de show ininterrompu de m’«as-tu-vu»-isme trash et d’ostentation matérialiste sans fond éthique ou intellectuel.
En gros, la famille, l’école, les médias publics… n’ont pas su s’adapter au changement pour apporter la dose de sens nécessaire.
Mais que peuvent-ils réellement face au tsunami de l’Internet, du smartphone et du digital?!
D’un autre côté, le retournement de cycle économique constaté depuis l’éclatement de la crise financière internationale en 2009 a porté un coup dur au processus d’amélioration continue du pouvoir d’achat.
Dans ce numéro Consonews Sépécial 20 ans de règne nous faisons un balayage inédit sur deux décennies.
Les chiffres et données traités permettent de valider ces constats et de les précisez davantage. C’est un numéro d’été à emporter avec soi pendant les vacances. C’est aussi un document pour l’Histoire.
Bonne lecture, bonnes vacances et bonne fête.