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Comment Bruno Le Maire veut arrêter la délocalisation de la production automobile hors de France

Bercy vient d'annoncer de nouvelles mesures de soutien au secteur automobile. Pour le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, la transition du thermique à l'électrique doit surtout être une opportunité pour relocaliser la production en France.

Mobilisation générale à Bercy pour sauver le secteur automobile français. Fragilisée par la crise sanitaire, la filière subit aussi le mouvement de fond de l’électrification. Au total: 100.000 emplois seraient menacés chez les constructeurs et les sous-traitants, indique une étude de l’Observatoire de la métallurgie, soit un quart des emplois directs et indirects du secteur automobile.Dans ce contexte, une réunion d’urgence s’est tenue ce lundi matin au ministère de l’Économie, avec autour de la table quatre ministres (Bruno Le Maire, Elisabeth Borne, Jean-Baptiste Djebbari et Agnès Pannier-Runacher), les dirigeants des deux constructeurs français, Carlos Tavares pour Stellantis (ex-PSA) et Luca de Meo pour Renault, le président de la PFA (la plateforme automobile, qui représente l’ensemble de la filière), Luc Chatel, ainsi que des représentants des organisations syndicales, des équipementiers ou encore du réseau de distribution.Anticiper et ne pas subir »A l’issue de cette réunion qui a duré deux heures, Bruno Le Maire a annoncé un ensemble de mesures pour assurer la mutation du secteur automobile français avec comme crédo: « anticiper et ne pas subir ».
La transition du véhicule thermique vers le véhicule électrique peut être une opportunité historique de relocaliser notre production automobile sur le territoire français », a souligné le ministre de l’Économie, après avoir souligné que « la France a massivement délocalisé son industrie automobile au cours des trente dernières années ».
Les mesures annoncées s’inscrivent dans la continuité du plan de relance du secteur automobile de 8 milliards d’euros lancé en mai 2020 pour permettre aux constructeurs de faire face aux conséquences de la crise sanitaire, avec notamment un plongeon des ventes de véhicules neufs.L’idée reste ainsi de continuer à accompagner le développement du marché de l’électrique, en visant en particulier les professionnels, avec la suppression du plafond fixé à 60.000 euros pour l’achat d’un utilitaire ou d’un véhicule industriel « zéro émission ».Sur le dossier des bornes de recharge, Bruno Le Maire a rappelé la nécessité de bénéficier d’un réseau de recharge rapide sur autoroutes, avec une enveloppe de 100 millions d’euros pour porter à 156 le nombre d’aires d’autoroutes équipées cet été, et à 192 fin 2021, sur un total de 368 aires de repos en France.Sur le volet de l’innovation, l’Etat va également renforcer son dispositif d’aides au secteur. Un investissement de 150 millions d’euros a été annoncé pour soutenir au maximum de 17 nouveaux projets en cours de sélection par Bpifrance. Il viendra s’ajouter au même montant déjà débloqué depuis juillet 2020 afin d’accompagner 25 programmes de recherche et développement, « dont 120 millions d’euros pour développer la production de composants stratégiques des véhicules électriques et hybrides rechargeables », rappelle le communiqué de Bercy.

Soutenir le secteur de la fonderie

À la manière de ce qui a été mis en place pour le secteur aéronautique, qui traverse également une crise profonde, Bruno Le Maire a également annoncé la mise en place d’un « suivi de la médiation des entreprises, avec notamment un certain nombre de sondages qui seront effectués, afin d’analyser les relations entre donneurs d’ordres et sous-traitants ».Parmi les fournisseurs en crise, le secteur de la fonderie va recevoir un accompagnement spécifique pour l’aider à faire face à la mort annoncée du moteur thermique.
Les fonderies françaises, ce sont 355 entreprises, ce sont 30.000 emplois directs, dont 15.000 liés à l’automobile. (…) La situation est préoccupante. Notre outil de production est trop petit, trop dispersé à travers le territoire et le positionnement sur le marché n’est pas celui qui est le plus porteur pour les années à venir », a expliqué Bruno le Maire.
Le ministre de l’Économie a donné l’exemple d’un secteur trop concentré sur les métaux ferreux, alors que leur utilisation est quatre fois moindre pour un véhicule électrique par rapport à un Diesel.
Parmi les mesures annoncées, un plan d’action de 50 millions d’euros doit accompagner la reconversion des salariés, avec un apport de 20 millions d’euros des constructeurs Stellantis et Renault.

Un virage stratégique pour l’automobile made in France

Mais l’Etat peut-il réellement mettre fin au mouvement massif de délocalisations de ces dernières années? C’est la véritable question alors que le président de la PFA, Luc Chatel, rappelait ce matin sa crainte de revivre le même scénario que la sidérurgie dans les années 80.Fin 2020, un rapport de France Stratégie pointait justement ce départ progressif de l’automobile hors de France. Alors que l’Hexagone produisait 3,7 millions de voitures en 2004, elle n’en produisait plus que 2,3 millions en 2018. Et ce, alors que cette année-là, la production automobile avait retrouvé des couleurs après la crise financière de 2008/2009, grâce notamment à la production en France de modèles à plus forte valeur ajoutée, comme les Peugeot 3008 et 5008.
La délocalisation a commencé dans les années 2000, avec tout d’abord le départ des petites voitures, dans lesquelles la France s’est spécialisée, nous explique Nicolas Meilhan, conseiller scientifique et l’un des auteurs du rapport de France Stratégie. C’est à ce moment-là que l’usine PSA de Trnava a ouvert en Slovaquie, où est produite la Peugeot 208, que les Citroën C1 et Peugeot 107 ont été produites avec Toyota en République Tchèque. Renault fabriquait déjà en Turquie. C’est une première vague de délocalisation vers l’est, avec un chiffre marquant: entre 2000 et 2012, 12 usines ont fermé à l’ouest et 11 ont ouvert à l’est ».
Conséquence: la valeur ajoutée de la construction automobile a été divisée par deux en huit ans, passant de 15 milliards d’euros en 2004 à 7,5 milliards d’euros en 2012.Toute la stratégie de Bruno Le Maire vise ainsi à ne pas reproduire la même erreur avec l’électrique, et ce alors, que la Dacia Spring est réimportée de Chine ou encore que la Peugeot e-208 est produite en Slovaquie.
BMW iX3, Smart électrique, Spring, mais aussi DS9 et Citroën C5X, nous assistons actuellement à une seconde vague de délocalisation de l’Europe vers la Chine, menée notamment par les marques européennes, poursuit Nicolas Meilhan. Tout l’enjeu est maintenant: comment faire pour fabriquer en France ces modèles électriques? »
Source: BFM

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