
Le Maroc se positionne sur la scène de la 5G avec une ambition affirmée. L’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) prévoit de lancer un appel d’offres pour l’installation de cette infrastructure stratégique, ouvrant ainsi la porte à une concurrence accrue entre les équipementiers internationaux.
Huawei face aux géants occidentaux
Alors que la 5G s’étend à grande vitesse en Asie, en Amérique du Nord et en Europe, le Royaume entend suivre cette dynamique en s’appuyant sur des acteurs majeurs du secteur. Huawei, déjà bien implanté au Maroc grâce à ses partenariats avec Maroc Telecom et Orange Maroc, semble en bonne position pour rafler une part du marché. Mais les équipementiers occidentaux, tels que Nokia, Ericsson et Oracle, ne comptent pas laisser le champ libre au géant chinois.
La question géopolitique pourrait jouer un rôle clé dans cette bataille. Les pressions de Washington pour limiter la présence chinoise dans les infrastructures critiques en Afrique n’ont, jusqu’ici, eu qu’un impact limité sur le continent. Reste à savoir si les autorités marocaines privilégieront une approche purement technologique ou si des considérations stratégiques viendront influencer le choix des fournisseurs.
Une ambition à la hauteur des grands événements à venir
Le déploiement de la 5G au Maroc ne se limite pas à un enjeu technologique. Il s’inscrit dans une vision à long terme, notamment en prévision des grands événements sportifs internationaux que le pays accueillera. Avec la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et la Coupe du Monde 2030 à l’horizon, disposer d’une couverture optimale est un impératif.
Le gouvernement vise une couverture de 25% de la population en 5G d’ici 2026, avec un objectif de 70% à l’horizon 2030. Les premières zones ciblées seront sans surprise les grandes villes et les sites accueillant ces compétitions.
Des défis de taille à relever
Malgré cette ambition, plusieurs obstacles pourraient ralentir le déploiement de la 5G au Maroc :
- Le coût des infrastructures : La mise en place d’un réseau 5G nécessite un maillage dense avec un nombre accru d’antennes et une modernisation des équipements existants. Un investissement conséquent pour les opérateurs.
- Les contraintes réglementaires : L’ANRT doit encore établir un cadre législatif précis pour l’attribution des fréquences et l’organisation du partage des infrastructures.
- L’accessibilité des terminaux : Bien que les smartphones compatibles se démocratisent, leur coût reste un frein pour une partie de la population.
- La rentabilité pour les opérateurs : Le retour sur investissement est un enjeu crucial. Les opérateurs devront proposer des offres attractives pour stimuler la demande et rentabiliser leurs investissements.
Un marché mondial en pleine expansion
À l’échelle internationale, la 5G connaît une ascension fulgurante. Le nombre d’abonnements est passé de 1,6 milliard en 2023 à environ 2,27 milliards en 2024 et pourrait atteindre 5,65 milliards d’ici 2030. La Chine, les États-Unis et la Corée du Sud dominent ce marché, avec des infrastructures avancées et un écosystème industriel structuré.
En matière de performance, la Corée du Sud se démarque avec des vitesses moyennes de téléchargement de 354,4 Mbps, tandis que l’Arabie saoudite détient le record des pics de vitesse (862,6 Mbps). L’Europe, quant à elle, avance plus lentement, bien que l’Union européenne ait investi 1 milliard de dollars dans la recherche et le développement via le programme Horizon 2020.
La montée en puissance de la 5G alimente également une concurrence accrue entre les fabricants d’équipements télécoms. Samsung, Huawei, Nokia et Ericsson se livrent une bataille féroce pour imposer leurs standards et décrocher les contrats les plus stratégiques.
Un enjeu majeur pour l’Internet des objets
Au-delà des smartphones et des usages classiques, la 5G ouvre des perspectives inédites pour l’Internet des objets (IoT). Grâce à des débits ultra-rapides, une faible latence et la capacité à connecter simultanément des millions d’appareils, cette technologie devrait révolutionner plusieurs secteurs : villes intelligentes, santé connectée, industrie 4.0, transports autonomes…
Le Maroc, qui affiche de fortes ambitions en matière de digitalisation, pourrait tirer parti de ces avancées pour accélérer sa transformation numérique. Reste à savoir si le cadre réglementaire, les investissements et la demande des consommateurs permettront de concrétiser cette vision.
Avec FNH