slideNewsService public

Rallonge budgétaire : 4 milliards pour l’ONEE pour stabiliser les prix

La décision du gouvernement marocain d’ouvrir 13 milliards de dirhams de crédits supplémentaires en 2025 n’est pas le fruit d’un endettement aveugle, mais le résultat assumé d’un pari fiscal. C’est ce que le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaâ, est venu expliquer devant la Commission des finances de la Chambre des conseillers. Détail d’une stratégie où les recettes fiscales deviennent un levier de stabilité économique.

Cette rallonge budgétaire s’inscrit dans le cadre de l’article 60 de la loi organique des finances, qui permet d’ouvrir des crédits supplémentaires en cours d’exercice. Mais ce qui change, c’est la manière dont ces crédits sont financés : non pas par recours à la dette, mais grâce à la montée en puissance des recettes fiscales, que le gouvernement présente comme une “dynamique durable”.

Une fiscalité en forte progression

Entre 2021 et 2024, les recettes fiscales ont progressé de plus de 116 milliards de dirhams, avec une moyenne annuelle de +13,4%. Et le premier trimestre 2025 confirme cette tendance : +17,4 milliards de dirhams par rapport à la même période de 2024, soit une hausse de 21,5%. Deux postes expliquent l’essentiel de cette performance : l’impôt sur les sociétés (+33,8%) et l’impôt sur le revenu (+43,7%).

Cette dynamique permet au gouvernement d’annoncer de nouvelles dépenses tout en conservant le cap sur les équilibres : le déficit budgétaire, prévu à 3,9% du PIB en 2024, devrait baisser à 3,5% en 2025, avec l’ambition de descendre à 3% à terme.

Une allocation ciblée, entre équité sociale et soutien économique

Les 13 milliards de dirhams débloqués seront ventilés selon des priorités que le ministre a jugées “urgentes et stratégiques”. En tête : 4 milliards pour l’ONEE afin de garantir la stabilité des prix de l’eau et de l’électricité – un effort qui vise à amortir les chocs tarifaires pour les citoyens, en pleine période d’inflation.

Viennent ensuite 5,5 milliards pour recapitaliser certains établissements publics. La liste n’est pas encore dévoilée, mais le principe est clair : renforcer la viabilité financière des acteurs publics jugés essentiels à la mise en œuvre des politiques publiques.

Enfin, 3 milliards sont fléchés vers les salaires de la fonction publique, conformément aux engagements du dialogue social, notamment dans les secteurs de l’Éducation et de la Santé. Il s’agit ici de financer la seconde tranche de l’augmentation de 1.000 dirhams par fonctionnaire.

Les 500 derniers millions serviront de matelas de sécurité pour des dépenses exceptionnelles.

La stratégie Lekjaâ : investir sans creuser le déficit

Le signal politique est net : il est possible d’investir sans compromettre les équilibres, à condition d’avoir une stratégie fiscale efficace. Pour le ministre du Budget, cette capacité à dégager de nouvelles marges provient des réformes engagées sur la fiscalité des entreprises et des particuliers.

En fond, c’est une vision plus “productive” des finances publiques qui se dessine, où l’on ne dépense pas avant de savoir combien on encaisse, mais où l’on structure les recettes pour sécuriser l’action de l’État.

Avec L’Economiste

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page
×