Crédit à la consommation : qui sont les emprunteurs marocains et quelles sont les tendances du marché ?

À mesure que le coût de la vie grimpe et que les besoins des ménages évoluent, les Marocains recourent de plus en plus au crédit pour financer leur quotidien. Une étude récente du cabinet de conseil Ailancy, révélée en exclusivité à Consonews, met en lumière les tendances clés du crédit à la consommation dans le Royaume, tout en dressant le profil type de l’emprunteur marocain.
Une progression continue malgré les crises
Selon les données collectées, l’encours global des crédits à la consommation a poursuivi sa croissance, atteignant 150 milliards de dirhams à fin 2023. Une dynamique amorcée depuis 2016, malgré un léger recul observé en 2020, année marquée par les répercussions économiques de la pandémie de Covid-19.
Sur la période 2022-2023, l’encours a progressé de 6,3 %, confirmant un regain de vigueur du secteur. Les sociétés de financement, en particulier, ont connu une forte croissance et captent aujourd’hui près de la moitié du marché (70,4 MMDH), presque à égalité avec les banques (79,5 MMDH).
Crédit affecté, crédit non affecté : les Marocains privilégient l’achat ciblé
Un chiffre révélateur : 60 % des crédits distribués par les sociétés de financement sont dits « affectés », c’est-à-dire liés à l’achat d’un bien ou service spécifique. Parmi eux, le crédit automobile arrive en tête avec un encours de 42 MMDH, représentant près de 60 % du portefeuille de ces institutions. Suivent les prêts personnels – classés comme crédits non affectés – qui pèsent 27,8 MMDH, soit un peu moins de 40 %.
Cette structuration témoigne de la transformation des habitudes de consommation, où le financement de l’achat d’un véhicule ou d’un équipement devient une norme dans les foyers marocains.
Trois moteurs pour un marché en expansion
L’étude identifie trois leviers majeurs à l’origine de cette croissance soutenue :
- L’augmentation des dépenses des ménages,
- L’évolution des modes de consommation vers des achats plus structurés,
- Et une accessibilité accrue grâce à la densification des canaux de distribution (partenariats, digitalisation, etc.).
Ces facteurs combinés ont contribué à une hausse de 15 % des emprunts contractés auprès des sociétés de financement.
Le visage de l’emprunteur marocain
L’étude révèle également un portrait-robot de l’emprunteur : majoritairement âgé de plus de 40 ans (67 %), avec un revenu mensuel inférieur à 6.000 dirhams (52 %). Le montant moyen emprunté a lui aussi évolué, passant de 61.000 dirhams en 2022 à 71.000 dirhams en 2023.
Enfin, les durées d’emprunt s’allongent, les prêts de long terme devenant la norme pour faire face à des engagements financiers plus lourds. Ces données proviennent principalement des sociétés de financement, la segmentation bancaire n’étant pas encore disponible dans les publications de Bank Al-Maghrib.