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CONSONEWS  - DOSSIER



                   u Maroc, le débat sur  bénéficié du même niveau de  de races pures et de matériel
                   la   diversification   de  soutien et d’investissement.    moderne. Ces subventions ont
            Ala  consommation  de  L’industrialisation et la mo-              eu  pour  effet  de  consolider
            viande reste discret. Le poulet,  dernisation du secteur avicole  la  position  des  filières  exis-
            la dinde, le bœuf et l’agneau  ont été particulièrement mar-      tantes,  rendant  plus  difficile
            dominent  très  largement  les  quantes.  Le  développement  l’émergence et la compétiti-
            étals  et  les  foyers.  Pourtant,  rapide de l’élevage intensif de  vité  des  viandes  alternatives.
            le  Royaume  dispose  d’une  volailles a rendu les protéines  Enfin, même au sein des filières
            richesse de viandes, moins  animales plus  accessibles et  dominantes, des défis structu-
            connues ou tombées dans  abordables pour l’ensemble  rels persistent. L’élevage bovin,
            l’oubli, qui pourraient offrir des  de  la  population,  supplantant  par exemple, est confronté
            réponses pertinentes sur les  presque entièrement la vo-          à la disponibilité limitée des
            plans économique, nutritionnel  laille traditionnelle dans les  pâturages,  à  une  faible  pro-
            et environnemental. Ces alter-   habitudes  alimentaires.  Cette  ductivité animale, à des ma-
            natives, parfois issues d’éle-   évolution a permis de ré-        ladies  et à des problèmes  de
            vages sauvages ou marginaux,  pondre à une demande crois-         commercialisation, ainsi qu’à
            peinent à s’imposer face aux  sante  en  protéines  animales,  un manque d’investissement.
            standards industriels actuels.   mais elle a également contri-    La sécheresse prolongée et la
            Plusieurs facteurs, liés aux  bué à une homogénéisation  raréfaction des ressources ont
            politiques  agricoles,  à  l’in-  des choix de consommation.      entraîné  une  baisse  significa-
            dustrialisation  ou  aux  dyna-  Historiquement,    la   viande   tive du cheptel et une flambée
            miques     socio-économiques,    rouge      était    considérée   des  prix  de  la  viande  rouge,
            ont contribué à la prédomi-      comme  un  produit  de  luxe,  poussant le Maroc à importer
            nance actuelle du poulet,de la  non consommé quotidienne-         d’avantage. Ces difficultés, mal-
            dinde, du bœuf et de l’agneau  ment dans le régime alimen-        gré  la  dominance  du  secteur,
            dans    l’assiette  marocaine.   taire traditionnel marocain,  soulignent  la  nécessité  d’une
            Le  Plan  Maroc  Vert  (PMV),  qui  était  plutôt  basé  sur  les  diversification  pour  renforcer
            lancé en 2008, a joué un rôle  céréales,  les  légumes  et  les  la  résilience  de  l’approvision-
            central  dans  la  structuration  légumineuses. Avec l’urbani-    nement  en  viande  du  pays.
            du secteur agricole.  Cette  sation et le développement
            stratégie nationale  visait  à  économique, les régimes ali-
            moderniser l’agriculture et à  mentaires se sont progressive-
            en faire un moteur de déve-      ment diversifiés, en particulier
            loppement  économique  et  pour les ménages urbains et
            social. Des objectifs ambitieux  les classes plus aisées, qui ont
            ont  été  fixés  pour  les  filières  augmenté leur consommation
            animales clés, notamment la  de produits d’origine animale.
            viande rouge (bovine et ovine)  Le  système  de  subventions
            et la volaille. Ces politiques,  et  de  soutien  gouvernemen-
            en se concentrant sur l’inten-   tal a en grande partie favorisé
            sification  de  la  production  et  les  filières  dominantes.  Des   Le système de
            l’amélioration de la qualité-prix  aides sont accordées aux éle- subventions et de soutien
            pour ces espèces, ont renfor-    veurs  pour  l’intensification  de   gouvernemental a en
            cé leur position dominante  la production animale, notam-
            sur le marché, au détriment  ment pour l’acquisition de re-       grande partie favorisé les
            d’autres viandes qui n’ont pas  producteurs bovins et ovins  filières dominantes.





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