Entre florilèges de lookbooks, vidéos en tous genres et défilés "In Real Life", les collections milanaises ont dévoilé des vestiaires s'inspirant des turbulences auxquelles la société a récemment dû faire face. Passage en revue de ce qu'il faut retenir de cette fashion week qui n'a pas encore retrouvé son souffle d'antan...
4 mars 2021
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Prada
Il est de ces aventures que l’on aimerait particulièrement voir réussir, de ces duos dont on espère l’impossible : le tandem formé par Miuccia Prada et Raf Simons fait indubitablement partie de ceux-ci. Oui mais voilà, si leurs intentions – qu’ils exprimèrent clairement lors d’une conversation digitale post-show – suscitèrent notre enthousiasme, difficile de dire la même chose de leur collection présentée le 25 février dernier à Milan. Là où ils revendiquent optimisme et désir d’adapter la garde-robe féminine aux désirs ayant émergé durant la crise du covid, et assurent que l’aisance et le mouvement sont leurs nouvelles valeurs cardinales, nous ne percevons en effet qu’un cadavre exquis de leurs marottes personnelles (voir ici et là). Désireux de trouver une nouvelle équation mêlant mode, confort, élégance et protection, Simons et Prada tâtonnent (voir ici et là) et peinent à s’extraire de l’exercice de style conceptuel (voir ici). Certaines pièces retiennent néanmoins l’attention : on pense notamment à ce manteau à la carrure imposante dont les sequins ondoyants contredisent le sérieux du volume, à cette longue robe noire donnant l’impression d’avoir été enfilée sur un épais gilet de grand-père ou encore à ce manteau en velours menthe taillé dans le biais. Le gant porte-monnaie se révèle être une invention très covid-compatible…
Si elle ne restera pas dans les annales, la collection A/H 2021 d’Alberta Ferretti n’en comporte pas moins une silhouette qui risque fort d’être épinglée à l’infini sur Pinterest. Il faut dire qu’en faisant tailler une ample combinaison de pompiste dans un cuir suédé ultra fin et en la mariant à une collerette émergeant d’un pull col roulé, la créatrice compose un tandem répondant à merveille aux nouvelles exigences de confort sophistiqué.
Zanini
En retaillant une couverture en ample manteau vanille et en déclinant le traditionnel pantalon de pyjama en mode oversize, Marco Zanini nous propose une version outdoor du look « confinement » qui ne manque pas d’élégance nonchalante (voir ici). Les chemises empruntant à l’univers du vêtement de nuit brillent par leur capacité à marier douceur, confort et style (voir ici, ici et là).
Max Mara
La griffe célèbre cette année ses 70 ans. La série « The Crown » semble avoir considérablement influencé l’imaginaire du DA britannique Ian Griffiths (voir ici, ici et là)… L’iconique pardessus se mue ici en blouson aviateur (voir ici). Si l’on regrette que ce show anniversaire n’ait pas comporté davantage d’enthousiasmantes variations autour des mythiques manteaux ayant fait la renommée de la marque, force est de constater que ce pardessus double face et cette cape élégamment mutante ne manquent d’intérêt.
Valentino
Débarrassée du superflu, cette collection Valentino vibre d’une énergie punk pile en osmose avec l’humeur du moment. Là où chez certains le punk confine au grunge, le créateur italien parvient quant à lui à éviter les écueils du destroy en travaillant des matières ajourées, mais sophistiquées (voir ici et là). Le duo mini longueur/bottes roots aux pétales moulés marie avec brio sensualité et désir de pragmatisme (voir ici, ici et là). En misant sur des looks mêlant jambes dénudées et volume concentré sur le haut, Pierpaolo Piccioli offre à ses silhouettes une dégaine à la fois conquérante et délicate, qui ne laisse pas indifférente esthétiquement (voir ici, ici et là). On note par ailleurs que là où l’oversize se fait souvent caricatural, il conserve ici une réelle portabilité.
A noter également
Celles et ceux appréciant d’ordinaire le travail de Dolce & Gabbana auront tout intérêt à ne pas visionner leur opus A/H 2021. En choisissant de s’inspirer de la garde-robe des 5 soeurs Fendi (voir ici), Kim Jones livre un vestiaire manquant cruellement de cette modernité dont Karl Lagerfeld avait le secret. Chez Moschino, Jeremy Scott livre des silhouettes nous faisant penser avec nostalgie aux grandes heures de John Galliano chez Dior (voir ici, ici et là). Grâce au nouveau sac Marni, Victoria Beckham pourra revivre LE moment qui la fit passer du côté lumineux de la Force (voir ici). Les escarpins à plateforme semblent réellement vouloir revenir sur le devant de la scène (N21). Les manteaux aux allures de robe de chambre matelassée signés For Restless Sleepers sublimeront les looks les plus sobres (voir ici). Les photographies streetstyle de cette fashion week milanaise ont rarement été aussi déprimantes… (voir ici, ici, ici et là)