Équilibre entre santé publique et compétitivité économique : Le défi du sucre industriel au Maroc

Dans le cadre de son plan de développement planifié au cours des dernières années, le Maroc s’est fixé des objectifs clés, notamment la souveraineté économique, alimentaire et sanitaire. Ces niveaux de souveraineté sont cruciaux pour façonner le nouveau Maroc en perspective. Cependant, pour garantir cette transformation socio-économique, le capital humain est essentiel, car toutes les grandes politiques économiques mondiales sont construites sur la performance humaine, ce que certains économistes appellent « l’efficacité humaine ». La santé est donc l’un des secteurs fondamentaux du développement économique, car la santé d’une population influe directement sur sa productivité, ce qui impacte la croissance économique.
La santé et l’alimentation sont étroitement liées, et aujourd’hui, à la lumière des ambitions de développement du Maroc, un problème insidieux ronge silencieusement la santé de sa population et remet en question la souveraineté alimentaire.
Le sucre industriel est au cœur de cette problématique. Les Marocains consomment en moyenne 36 kilos de sucre par personne et par an. Bien que la surconsommation de sucre soit associée à divers problèmes de santé, il est important de noter qu’une récente étude de l’agence de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) a remis en question le lien direct entre la consommation de sucre et le diabète, réfutant ainsi certaines idées reçues.
Cependant, il est crucial de se pencher sur les motivations qui sous-tendent les politiques alimentaires et de santé. Il est important de ne pas ignorer les enjeux économiques liés à l’industrie alimentaire et aux produits spécifiques, qui peuvent prendre le pas sur les préoccupations de santé publique.
Au Maroc, la consommation annuelle de sucre a atteint 1,2 million de tonnes au cours des cinq dernières années, dont 25 % sont destinés à l’industrie agroalimentaire. Cette situation soulève des questions sur l’équilibre entre la préservation de la santé des citoyens et la compétitivité des entreprises industrielles marocaines. Selon une enquête nationale réalisée en 2018, environ 2,7 millions de personnes au Maroc sont diabétiques, dont près de la moitié ignorent leur maladie, et 2,2 millions sont pré-diabétiques.
Il est donc impératif de réfléchir sérieusement aux politiques alimentaires, en particulier à la consommation de produits qui pourraient avoir un impact négatif sur la santé des consommateurs. Il s’agit de trouver un équilibre délicat entre les impératifs de santé publique et les intérêts économiques.
Sources :Challenge.ma