Logement social au Maroc : les raisons de la panne selon l’OCDE
Malgré les avancées réalisées au Maroc dans le domaine du logement social, la politique actuelle montre ses limites. Selon un rapport récent de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), relayé par *L’Economiste* le 19 septembre 2024, une révision en profondeur de cette politique s’impose pour répondre plus efficacement aux besoins des Marocains.
La production de logements sociaux, bien qu’ambitieuse, n’a pas toujours profité aux ménages à faible revenu, son public initial. L’absence de critères d’éligibilité stricts a souvent permis à des ménages de classe moyenne d’accéder à ces logements, évinçant ainsi ceux qui en avaient le plus besoin. Le rapport souligne également un manque de ciblage géographique, avec des régions où l’offre est excédentaire et d’autres où elle reste insuffisante. Cette disparité crée des déséquilibres qui nuisent à l’efficacité du programme.
Le programme **Villes sans bidonvilles** a également montré des failles. Bien qu’il ait permis de réduire l’habitat insalubre, il n’a pas touché tous les ménages visés. Pire, certains lots sont aujourd’hui occupés par des ménages non attributaires, avec des taux de glissement atteignant parfois 20 %. De plus, certains quartiers souffrent d’un manque d’équipements et de services, limitant l’intégration urbaine des habitants.
Vers un changement de paradigme
Le rapport de l’OCDE évoque le besoin d’un changement de paradigme dans la politique de logement social. Il propose de passer d’une exonération fiscale pour les promoteurs à une aide personnalisée pour les ménages acquéreurs. Cette approche, plus directe, permettrait d’aider les ménages réellement dans le besoin, tout en assurant une meilleure distribution des logements.
La production de logements sociaux doit être repensée pour répondre spécifiquement aux besoins locaux. Dans certaines régions, une surproduction de logements a conduit à la vacance de nombreux appartements neufs, alors que d’autres zones souffrent toujours d’un déficit en la matière. Le rapport recommande de concentrer la construction dans les régions où elle est vraiment nécessaire, afin d’éviter une saturation du marché et ses effets négatifs.
Un autre axe d’amélioration concerne la qualité des logements sociaux et des quartiers dans lesquels ils sont situés. Il ne suffit pas de construire des unités ; il faut également garantir l’accès à des services, des infrastructures et une bonne accessibilité pour les habitants. Selon l’OCDE, la politique du logement social doit aussi mieux cibler les ménages bénéficiaires pour maximiser l’impact de cette initiative.
En conclusion, bien que le Maroc ait réalisé des progrès importants dans la lutte contre l’habitat insalubre, il est désormais nécessaire d’ajuster les politiques de logement social pour qu’elles soient plus adaptées aux besoins réels de la population.