Gaspillage alimentaire, 4,2 millions de tonnes jetées par an au Maroc

Alors que l’insécurité alimentaire gagne du terrain à l’échelle mondiale, le Maroc fait face à un paradoxe inquiétant : plus de 4,2 millions de tonnes de nourriture sont gaspillées chaque année, soit environ 113 kg par personne, selon un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).
Cette réalité, aussi alarmante que méconnue, est aujourd’hui au cœur des préoccupations du Conseil économique, social et environnemental (CESE). L’institution, présidée par Abdelkader Amara, vient d’examiner un projet d’avis stratégique sur les pertes et gaspillages alimentaires, dans le cadre de sa dernière session ordinaire.
L’objectif ? Mieux comprendre les mécanismes qui nourrissent ce phénomène – des défaillances dans la chaîne de production jusqu’à des comportements de consommation peu durables – et proposer des leviers de transformation. Parmi les points sensibles abordés : les pertes liées aux produits subventionnés par la Caisse de compensation, un segment particulièrement touché par le gaspillage.
Mais il ne s’agit pas uniquement de diagnostiquer. Le CESE ambitionne également de renforcer la sécurité alimentaire du pays et sa résilience en favorisant une gestion plus efficace des ressources alimentaires. Le projet, qui sera soumis prochainement à l’approbation de l’Assemblée générale du Conseil, entend proposer des recommandations concrètes, adaptées aux réalités nationales et aux spécificités régionales.
Le débat dépasse désormais le cadre des institutions consultatives. Au Parlement, le groupe du Rassemblement national des indépendants (RNI) a déjà pris les devants en déposant une proposition de loi pour lutter contre le gaspillage alimentaire, signe d’une prise de conscience politique en cours.
Face à ces chiffres préoccupants, la lutte contre le gaspillage ne peut plus attendre. Elle exige un changement de modèle : repenser la production, responsabiliser la distribution, et surtout, rééduquer les habitudes de consommation. Un défi de taille, mais essentiel pour l’avenir de la souveraineté alimentaire du Maroc.