Crise silencieuse : les pénuries de médicaments s’intensifient au Maroc

Le phénomène devient alarmant : les ruptures de stock de médicaments essentiels se multiplient dans les pharmacies marocaines, touchant des traitements aussi variés que ceux contre le cancer, les maladies chroniques ou encore le TDAH. Cette situation, à la fois inquiétante et persistante, met à rude épreuve les familles, les professionnels de santé et l’ensemble du système de soins.
Dernier signal d’alerte en date : les médicaments destinés aux personnes atteintes de trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) sont devenus pratiquement introuvables. Dans une question adressée au ministre de la Santé, le député Rachid Hammouni a dénoncé la pénurie répétée de ces produits, insistant sur les souffrances que cela inflige aux familles et sur la nécessité d’agir pour garantir leur disponibilité à un prix accessible.
Le TDAH, trouble neurodéveloppemental courant chez les enfants et parfois persistant à l’âge adulte, nécessite une prise en charge médicale régulière. Les traitements jouent un rôle crucial dans la régulation de l’attention, la réduction de l’hyperactivité et l’amélioration des capacités de concentration. Leur absence compromet gravement la stabilité des patients concernés.
Mais le problème dépasse largement ce cas spécifique. Les hôpitaux publics manquent de substances anesthésiantes, indispensables aux interventions chirurgicales, ainsi que de traitements pour la tuberculose, l’hypertension, ou les affections endocriniennes. Même les soins d’urgence sont affectés par le manque de médicaments et d’équipements de base.
Face à ces carences, certains professionnels de santé n’hésitent plus à acheter, sur leurs propres deniers, des fournitures élémentaires comme des gants médicaux. À l’hôpital pour enfants Harouchi de Casablanca, par exemple, le personnel se tourne vers d’autres établissements du CHU Ibn Rochd pour tenter de pallier l’indisponibilité chronique des médicaments… souvent en vain.
Initialement attendue comme une réponse au problème, la création de l’Agence marocaine des médicaments et des produits de santé n’a pas encore apporté les résultats escomptés. Ce changement institutionnel, qui a transféré une partie des responsabilités du ministère de la Santé à cette nouvelle entité, souffre d’un manque de coordination avec les laboratoires et les distributeurs. Résultat : les chaînes d’approvisionnement restent instables, et les pénuries se poursuivent au quotidien.
Loin d’être un simple désagrément, cette crise révèle les failles profondes du système de régulation et d’approvisionnement pharmaceutique au Maroc. Une réaction rapide et coordonnée est désormais urgente pour éviter que cette spirale ne compromette davantage la santé publique.
Avec Al Ahdath Al Maghribia